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Dans la Maison de Molière
Chroniques : Quels sont les liens entre la Comédie-Française et Molière ?
Agathe Sanjuan : Molière n’a pas connu la Comédie-Française qui a été fondée sept ans après sa mort. Pourtant, elle est aussi nommée Maison de Molière. Rappelons qu’elle naît de la fusion des deux troupes françaises parisiennes de l’époque, la troupe de l’hôtel Guénégaud, celle de Molière, et celle de l’hôtel de Bourgogne, à la demande de Louis XIV en 1680. D’emblée, la nouvelle troupe est dominée par l’influence exercée par la veuve de Molière, Armande Béjart, et le comédien La Grange, qui avait été le bras droit de Molière. Très vite, la Comédie-Française, à qui le roi a octroyé le monopole du répertoire français dans Paris et ses faubourgs, met à l’affiche les pièces de Molière ; Molière fait partie des auteurs phares. On joue donc toutes les pièces de Molière et on les joue beaucoup ! Au XVIIIe siècle, deux pièces étaient programmées par soirée, au XIXe siècle, trois : le répertoire de Molière permettait souvent de compléter les soirées avec des pièces plus courtes. Les comédiens les connaissaient parfaitement et pouvaient même se remplacer les uns les autres si nécessaire. Et les pièces de Molière sont restées le répertoire de loin le plus joué à la Comédie-Française jusqu’à nos jours. La tradition se perpétue, particulièrement en cette année 2022 où la programmation lui est entièrement consacrée.
Quelles sont les archives concernant Molière qui se trouvent à la bibliothèque de la Comédie-Française ?
La bibliothèque conserve des documents très importants comme le registre de La Grange, comédien qui recopiait les registres journaliers de la troupe indiquant les spectacles joués, l’argent gagné… Il ajoutait des notes sur la vie de la troupe, ceux qui y entraient, ceux qui en sortaient, les décès, les mariages. La bibliothèque conserve également trois registres journaliers de la troupe de Molière, dont certains sont présentés dans l’exposition Molière en musiques à la bibliothèque-musée de l’Opéra. Et nos collections contiennent de nombreuses œuvres d’art (les portraits les plus célèbres de Molière par Nicolas Mignard et Antoine Coypel), ainsi que des objets comme la montre ou le bonnet de Molière qui sont présentés dans l’exposition. En revanche, il ne subsiste aucun manuscrit, car à l’époque, une fois l’œuvre imprimée, on ne les gardait pas. Le fétichisme du manuscrit n’existait pas !
Comment s’est construite cette collaboration avec la BnF ?
C’était une évidence ! Les deux plus grandes collections concernant Molière sont celles de la Comédie-Française et de la BnF. La collaboration a été très complète, aussi bien autour de la construction d’un propos que de la sélection des pièces. Nous avions bien entendu un choix énorme et chaque pièce a été pesée par rapport au propos de l’exposition.
Propos recueillis par Sylvie Lisiecki
Entretien paru dans Chroniques n° 95, septembre-décembre 2022