Don de 18 gravures par Giuseppe Penone à la BnF
Giuseppe Penone, qui se définit avant tout comme sculpteur, est venu tardivement à la gravure, lorsqu’il a été sollicité en 2008 par la Chalcographie du Louvre pour créer une gravure sur cuivre. Aujourd’hui, ce médium, véritable support de pensée, accompagne son travail au même titre que l’écriture ou le dessin, comme formes de réflexion sur sa démarche artistique.
Gravées entre 2013 à 2018, les plaques ont été tirées pendant le premier confinement dans l’atelier du taille-doucier René Tazé à Paris.
Une première série, Punti, foglie, parole (Points, feuilles, mots, 2013), gravée à la pointe sèche parfois violemment enfoncée au marteau, fait directement écho aux peintures-sculptures au doigt de Leaves of Grass (Feuilles d’herbe) présentées dans l’exposition. On devine, dans la nébuleuse des points et des lignes, des formes figuratives : silhouettes, visages, œil, mains, et même la silhouette du Christ de la Descente de croix de Rubens, parmi les références discrètes à l’histoire de l’art qui affleurent dans les œuvres récentes de l’artiste.
Dans les quatre Alberi inversi (Arbres inversés, 2018), contemporains de Sève et pensée, Penone explore la relation entre l’arbre et le cerveau humain qu’il interrogeait déjà dans Pensieri di foglie (Pensées de feuilles, 2016).
Dans les deux gravures de Vene (Veines, 2016), l’artiste souligne les similitudes entre le flux qui circule dans la main et la sève des branches d’un arbuste donnant naissance à des feuilles.
Cette fusion entre l’homme et la nature est également visible dans Paesaggio (Paysage, 2015), métamorphose à double sens du tronc en un visage humain dont la bouche grande ouverte laisse à son tour apercevoir un élément de feuillage.
La gravure est pour Penone un espace d’expérimentation à la croisée du dessin et de la sculpture. L’utilisation de la pointe sèche qui incise directement la matière du cuivre apparente ce travail à celui du sculpteur. L’image imprimée à partir de la matrice de cuivre est révélée par l’opération du tirage tout comme le geste du sculpteur révèle dans le bois ou la pierre des formes invisibles.
Grâce à ce don, les collections d’estampes du département viennent s’enrichir d’un ensemble fort et cohérent d’œuvres de Giuseppe Penone. D’autres expositions précédemment consacrées à des artistes contemporains à la BnF (Pierre Alechinsky en 2005 Miquel Barceló en 2016) ont également permis de susciter des dons importants de la part des artistes au département des Estampes et de la photographie. Ces enrichissements exceptionnels viennent très heureusement compléter les entrées régulières, majoritairement par dépôt légal et également par acquisitions onéreuses.
Cécile Pocheau-Lesteven et Lena Baude, département des Estampes et de la photographie
