Considéré comme l’un des premiers humanistes, le poète Francesco Petrarca (Pétrarque) naquit en 1304 à Arezzo, où son père, un notaire florentin, avait dû s’exiler.
Entre l’Italie et la France
Pétrarque grandit en Toscane, puis en Provence, auprès de la cour pontificale alors installée à Avignon. Il suivit des études de droit à Montpellier et à Bologne. Mais ses goûts le portaient vers les lettres et l’écriture. Pour pouvoir s’y consacrer, il entra au service de la famille romaine des Colonna, comme aumônier, accomplissant pour elle diverses ambassades. Il soutint pourtant plus tard Cola di Rienzo, qui fonda une brève république à Rome, contre ses propres protecteurs.
Il passa ainsi une grande partie de sa vie en voyages entre la Provence et l’Italie, revenant entre ses séjours italiens dans sa résidence de Fontaine-de-Vaucluse. Il la quitta définitivement en 1353, pour s’installer en Italie. Il fut un temps l’hôte des Visconti à Milan, et finalement des Carrare à Padoue. Il passa les dernières années de sa vie dans sa résidence d’Arquà, en Vénétie.
« Magnus poeta et historicus »
Il rassembla au cours de ses voyages de nombreux manuscrits, et se passionna en particulier pour des auteurs antiques. Il adopta, pour les étudier, une démarche philologique fondatrice, introduisant la critique des textes pour établir des faits historiques et puisant dans les textes antiques plutôt que médiévaux.
Il produisit ainsi plusieurs œuvres latines à thème historique. Le poème
Africa, consacré à Scipion l’Africain, fit sa renommée de son vivant. Il réunit dans
De viris illustribus des biographies d’hommes illustres, figures de la Rome antique (Scipion, César), de la Bible (Adam, Abraham) ou mythologiques (Hercule), présentées comme des modèles de vertu et de moralité pour un présent de décadence.
Il travailla presque toute sa vie à son œuvre la plus influente, le
Rerum vulgarium fragmenta, plus connu sous le titre de
Canzoniere. Ces poèmes d’amour en langue vulgaire sont consacrés à Laure, jeune femme rencontrée à Avignon en 1327, mais jamais formellement identifiée, et dont le prénom revêt une forte dimension symbolique. Ils témoignent d’un cheminement spirituel, des oscillations et de la tension entre amour sensuel et amour sacré, tout comme d’autres de ses œuvres, tels les
Triumphi, six visions oniriques tissées chacune autour d’un principe moral (l’amour, la mort, la gloire, etc.). Pétrarque trouva son inspiration à la fois dans la poésie provençale et le
dolce stil nuovo florentin (Dante, Cavalcanti), et dans la poésie antique. Les dialogues du
Secretum, qu’il ne destinait pas à la publication, sont eux aussi fortement imprégnés de spiritualité.
Il rédigea par ailleurs dans la solitude et la tranquillité de Fontaine-de-Vaucluse des textes prônant un recueillement tout humaniste, fait d’étude et de prière au contact de la nature (
De vita solitaria,
De otio religioso). Il recueillit les lettres qu’il écrivit tout au long de sa vie en plusieurs volumes, qui constituent l’un des piliers – autobiographique – de son œuvre (
Familiarum rerum libri et
Senilium rerum libri). Enfin, il s’illustra dans le genre polémique, avec diverses « invectives ».
Cette œuvre riche et variée lui valut d’être couronné à Rome en 1341 « magnus poeta et historicus ».
Aux origines de l’humanisme
Pétrarque contribua de façon décisive à former les principaux caractères de l’humanisme : le retour aux textes classiques, l’établissement d’une méthode philologique, l’attention à l’homme et à son intériorité et enfin le recueillement dans l’étude et la nature. Il eut une grande influence partout en Europe, surtout sur l’écriture poétique, donnant naissance à un courant qui porte son nom, le pétrarchisme.
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