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La bibliothèque de l'Arsenal, un monument historique.
L’architecture reflet de l’histoire
Des premières constructions, il reste la façade donnant sur la rue de Sully, élevée au XVIIe siècle, mais reconstruite par Théodore Labrouste au XIXe siècle. À l’intérieur du bâtiment, le cabinet La Meilleraye, splendide appartement peint vers 1640, témoigne de l’époque où il était habité par le grand maître de l’artillerie, important personnage placé à la tête de l’Arsenal de Paris, vaste ensemble de bâtiments s’étendant jusqu’à la Bastille.
Au XVIIIe siècle, un nouveau bâtiment est ajouté du côté de la Seine par l’architecte Boffrand. Mieux conservé, il présente encore une décoration dans sa partie supérieure, et, à l’intérieur, de précieuses boiseries.
Alors que le bâtiment est transformé en bibliothèque publique à la Révolution, des salles de lecture et des magasins de livres sont aménagés au cours du XIXe siècle. Deux pavillons sont élevés aux extrémités Est et Ouest, y compris la façade actuelle donnant sur la vaste esplanade située place Teilhard de Chardin. Le bras de la Seine est comblé en 1843 : c’est l’actuel boulevard Morland.
Au XXe siècle, le bâtiment fait l’objet de plusieurs modifications intérieures, et, plus récemment, à l’extérieur, d’une restauration complète du clos et du couvert (2010-2012).
Des espaces patrimoniaux remarquables
Un remarquable appartement peint du XVIIe siècle au cœur du Marais
Salon de la Meilleraye
Le thème iconographique de la première salle est l’union des deux familles, La Meilleraye et Cossé-Brissac. Au centre du plafond, les Muses et Apollon rendent hommage à leur blason, une œuvre attribuée à Charles Poerson, élève du peintre Simon Vouet. Aux angles sont figurées les quatre parties du monde. Le reste du décor retrace les faits d’armes des deux familles : le siège de Hesdin en 1639 (au-dessus de la cheminée) où La Meilleraye est fait maréchal, le siège de La Rochelle (1627) et l’entrée d’Henri IV dans Paris (1594).
Le cabinet des femmes fortes
Un cabinet, qui était peut-être un petit oratoire, prolonge cette première pièce. Au registre supérieur, une remarquable galerie des « Femmes fortes » (avec l’image précisée par le commentaire), dans le goût du premier XVIIe siècle français (écho au poème du Père Lemoyne de 1647), représente quatorze héroïnes : trois reines des Amazones (Hippolyte, Antiope et Penthésilée) ainsi que Sémiramis, reine de Babylone ; quatre figures de l’Ancien Testament (Jahel, Judith, Esther et Deborah) ; trois figures de l’histoire romaine (Lucrèce, Pauline, Bérénice) et enfin trois héroïnes de l’ère chrétienne (une « Judith française » qui dut affronter Gontran, roi des Burgondes au VIe siècle, Jeanne d’Arc et Marie Stuart sous les traits de Marie de Cossé-Brissac).
Le salon de musique
Un décor rocaille du XVIIIe siècle unique en France
C’est la plus grande pièce de la galerie créée par l’architecte Germain Boffrand. Elle doit son nom aux attributs musicaux placés au-dessus des miroirs.
Ce salon conserve un ensemble de lambris d’une qualité exceptionnelle. Le décor de trophées en bois sculpté, délaissant le registre guerrier, montre diverses activités champêtres : la moisson, la vendange, la pêche, le jardinage… Le bel ensemble de quatre trumeaux en grisaille figurant les quatre saisons reproduit les bas-reliefs sculptés par Edmé Bouchardon pour la fontaine des Quatre-Saisons, rue de Grenelle à Paris.
Le Hall d’honneur, les salles de lecture, les salons Sully : des ensembles emblématiques de l’histoire des bibliothèques
Théodore Labrouste, frère d’Henri Labrouste, remanie profondément le bâtiment sous le Second Empire pour l’adapter à sa vocation de bibliothèque publique. Il scénarise l’ascension vers le savoir par un escalier monumental, au cœur du pavillon ouest. Le lecteur entame son parcours sous les bustes de figures tutélaires du lieu : le marquis de Paulmy (reconnaissable au cordon de l’ordre du Saint-Esprit), et Bailly, maire de Paris sous la Révolution. Une plaque dans l’escalier commémore l’ouverture de la bibliothèque au public le 9 floréal an V (28 avril 1797).
La salle de lecture actuelle est aménagée sous le Second Empire. Cet espace comprend la salle des catalogues et le centre de ressources des métiers du livre, l’espace de renseignement bibliographique et la salle de lecture. Il accueille tout au long de l’année lecteurs, chercheurs et curieux, dans un décor inchangé, où les boutons de porte sont encore au chiffre de Napoléon III.
Le petit et le grand salon Sully, qui accueillent aujourd’hui la programmation culturelle du lieu, possèdent des décors uniques datant du premier XIXe siècle. Ils rappellent leur vocation ancienne de salles de lecture.
Enfin, jouxtant ces salons, dans une pièce appelée « Salle à manger Nodier », se trouve un meuble extrêmement rare, une roue à livres datant des années 1620.
Le marquis de Paulmy (1722-1787) fondateur de la Bibliothèque de l’Arsenal
Les collections de l’Arsenal trouvent leur origine dans la bibliothèque d’Antoine-René d’Argenson, marquis de Paulmy, installée dans la demeure des grands maîtres de l’artillerie, au cœur de l’ancien Arsenal de Paris. Soucieux d’en éviter la dispersion, Paulmy la vendit en 1785 au comte d’Artois, frère de Louis XVI, s’en réservant l’usufruit et continuant de l’enrichir. Mise sous séquestre à la Révolution comme bien d’émigré, la collection demeura sur place. Avec les saisies révolutionnaires, elle s’enrichit de nombreux volumes provenant des grandes abbayes parisiennes, et des archives de la Bastille.
Tout au long du XIXe siècle, les collections s’orientent de plus en plus vers la littérature et le théâtre notamment sous l’impulsion d’administrateurs illustres comme Charles Nodier ou José-Maria de Heredia.
Promenade dans la Galerie des illustres
Anne-Bérangère Rothenburger, conservatrice à la Bibliothèque de l’Arsenal, vous invite sur les pas de ces illustres, à travers une promenade dans les représentations iconographiques variées (gravures, statues, peintures, photographies…) conservées dans les collections de la BnF. Une vidéo réalisée à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine 2020.
Les salons de la Bibliothèque de l’Arsenal, dont l’origine remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles, ont abrité les soirées littéraires de Madame de Genlis et de Charles Nodier.