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La chute de Salvador Allende - Chili, 11 septembre 1973
Aux premières heures du jour, en ce matin du 11 septembre 1973, Salvador Allende est prévenu par téléphone que les forces armées ont pris la ville de Valparaíso, sur la côte du Pacifique. Sans attendre, il quitte sa résidence familiale de la rue Tomás Moro et se rend au palais présidentiel, La Moneda, situé au cœur de la capitale chilienne.
En début de matinée, un message radiodiffusé par les militaires annonce le coup d’État et demande au président, démocratiquement élu en 1970, de remettre sa charge aux mains des forces armées du Chili. Ce jour-là, parmi les forces rebelles qui cherchent à renverser le Président et son gouvernement de l’Unité populaire figure un homme, le général Augusto Pinochet.
Salvador Allende, quant à lui, refuse de capituler et scelle ainsi son destin, intime et personnel, politique et national. Sachant que la défaite du camp démocratique est désormais inévitable, il s’adresse une dernière fois à son peuple, depuis les ondes de la radio Magallanes qui continue alors, encore pour quelques heures, à émettre.
Dans un discours mémorable, où la voix du Président – forte, digne et lucide – se mêle aux bruits agités des détonations et du chaos, il déclare faire le sacrifice de sa vie tout en gardant espoir dans le peuple et l’Histoire :
« D’autres hommes sauront dépasser ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Allez de l’avant et sachez que dans un avenir plus proche que lointain s’ouvriront à nouveau les larges avenues par où s’avancera l’homme libre pour construire une société meilleure. »
Il se suicide avec son arme à feu avant l’assaut final et referme ainsi tragiquement la page de la première expérience socialiste et démocratique d’Amérique latine. Dans les jours et les mois qui suivent, la répression est féroce : les opposants au régime sont traqués, emprisonnés dans des camps, torturés, assassinés ou contraints à l’exil. Cette dictature militaire, tenue d’une main de fer par Augusto Pinochet et, faut-il le rappeler, mise en place avec la complicité de la CIA dans le contexte de la guerre froide, va durer près de 20 ans et faire, selon des données officielles de la Commission chilienne des droits de l’Homme, plus de 40 000 victimes.
Cinquante ans après ces événements tragiques, nous vous invitons à une relecture du golpe au travers de cette bibliographie. Les ouvrages qui la constituent retracent l’événement historique, mais abordent également les années de Salvador Allende au pouvoir et son parcours politique ainsi que les sombres années de dictature militaire d’Augusto Pinochet et ses nombreux « détenus-disparus ». Dans le même temps, nous vous invitons à découvrir cette période par le biais des nombreuses œuvres culturelles créées pendant la dictature depuis le Chili ou dans l’exil.