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La singulière collection Charles Cros
Pendant des collections du département Son, vidéo, multimédia présentées dans les salles de lecture A et P, ces appareils sont conservés dans les deux magasins du 17e étage de la tour des Nombres (T3) du site François-Mitterrand, sous forme de « réserve visitable ». Accessible sur rendez-vous aux chercheurs, cette réserve a vocation à être ouverte à un public plus large avec des visites guidées. Un aperçu de la collection est accessible en ligne sur Gallica.
En savoir plus sur le blog Gallica
Histoire de la collection Charles Cros
Depuis 1911, la collection Charles Cros a été constituée au fil de l’histoire des Archives de la parole, du musée de la Parole et du geste, de la Phonothèque nationale et du département de l’Audiovisuel aujourd’hui département Son, vidéo, multimédia.
À partir des années 1950, le projet de constitution d’un musée du phonographe, notamment des amis de la Phonothèque, a conduit à rechercher les appareils de l’ère acoustique, c’est-à-dire ceux fabriqués avant 1925. La collection s’enrichit par les dons, legs ou acquisitions onéreuses, notamment des Amis de la phonothèque. Pour autant, les curiosités de l’époque contemporaine ne sont pas négligées, des mange-disques miniatures des années 1960-1980 au lapin Nabaztag, un des premiers jouets connectés créé en 2005.
Dès l’origine (cf. historique/lien), quand un appareil d’enregistrement et/ou de lecture était remplacé par un plus moderne, il a souvent été gardé plutôt qu’éliminé. Sans nécessairement s’accompagner d’une véritable conscience patrimoniale, un riche patrimoine d’histoire technique s’est ainsi accumulé au fil des ans.
Relèvent de cette veine les appareils d’enregistrement sur cylindre ou sur disque des Archives de la parole et du musée de la Parole, les magnétophones portatifs de la Phonothèque nationale, les magnétoscopes du département de la Phonothèque nationale, etc.
Ces appareils constituent aussi des témoignages de l’histoire de l’institution. L’entrée de matériel ancien en provenance de l’Institut de Phonétique, aux origines communes avec les Archives de la parole, s’inscrit dans un même ensemble.
Vers la fin des années 1990, les deux types d’appareils – matériel utilitaire déclassé, d’apparence ingrate, et matériel « inutile » collectionné, à l’esthétique flatteuse – ont été regroupés sous un même inventaire, faisant de la collection Charles Cros une collection singulière.
Une politique documentaire en regard des collections du département
Dans un appareil s’incarnent à la fois des partis technologiques, ergonomiques et esthétiques. Les centres d’intérêt de la collection Charles Cros sont pluriels : histoire des techniques, histoire économique, histoire des pratiques d’écoute, histoire du mobilier. Au-delà, la présence de la collection Charles Cros parmi les collections audiovisuelles de la BnF revêt un sens particulier : les appareils d’enregistrement et de lecture gardent trace des configurations matérielles auxquelles les supports ont été destinés initialement. Ce qui participe de la préservation de l’ensemble matériel nécessaire à la production d’un signal sonore.
La collection Charles Cros est indissociable du principe de patrimonialisation des supports, qui perd une partie de son sens sans la conservation des appareils. Elle permet de rendre compte des conditions ordinaires de consultation de nos documents. Son propos majeur est de témoigner de la configuration concrète de consultation du document à l’origine, dans la mesure même où cette configuration se trouve occultée aujourd’hui par les conditions de consultation en salle de lecture (poste universel son/vidéo et émulation des plates-formes sur PC).
L’objectif d’une politique documentaire ne peut être celui, démesuré, de constituer un musée d’appareils étendu aux trois médias avec une vocation à l’exhaustivité. Il peut être, en revanche, celui de former la face complémentaire des collections du département en enrichissant la collection d’un nombre limité de modèles représentatifs de ce qui pouvait se trouver dans les salons des particuliers.
La collection Charles Cros comporte à ce jour plus d’un millier de références, parmi lesquelles une prépondérance des technologies les plus anciennes, liées à l’enregistrement du son, et une plus faible représentation de techniques et de formats plus récents mais non moins obsolètes, notamment dans les domaines de la vidéo et de l’informatique. De ce point de vue, la collection d’appareils sonores anciens peut déjà répondre par sa richesse à la plupart de ces objectifs. L’ensemble est progressivement rééquilibré entre médias et entre époques. La politique d’enrichissement raisonnée s’étend désormais à tous les médias et toutes les époques : elle vise ainsi, pour la vidéo, les appareils d’usage domestique représentatifs ; pour l’informatique, divers modèles de micro-ordinateurs et de consoles de jeux.
La collection n’est pas donc figée. Elle a vocation à s’accroître, par dépôt, dons ou acquisitions, suivant deux axes : combler des lacunes pour les supports d’enregistrement sonore analogique ; constituer des corpus d’appareils cohérents pour les supports plus récents. La décision d’accepter une pièce se fonde sur une expertise succincte de son intérêt pour la collection et de son état de conservation.
La collection Charles Cros s’accompagne d’une documentation relative à ses appareils, à leurs inventeurs, à leur commercialisation. Plus l’on a affaire à des appareils sophistiqués, plus la collecte de documentation est indispensable pour bien les appréhender : les modes d’emploi, la littérature technique font l’objet de recherches souvent moins aisées, dans un certain nombre de cas, que celle des appareils eux-mêmes. Cette documentation doit être traitée et complétée, d’abord sur le plan technique pour expliciter le fonctionnement et l’ergonomie des appareils (brevets, littérature spécialisée, modes d’emploi destinés aux utilisateurs), ensuite sur le plan des pratiques de consultation, notamment à travers la publicité et la documentation commerciale, enfin sur le plan économique (informations sur les fabricants et sur la commercialisation).
Les pièces détachées sont inventoriées séparément avant toute reconstitution éventuelle d’appareil. Un dossier archive les pièces relatives à l’histoire de chaque appareil : arrivée dans le département, dossier de restauration, etc., ceci afin d’enrichir les connaissances sur la date et le mode d’entrée des pièces dans la collection, sur l’histoire des modèles (usage, succès, date de mise en vente, etc.) et pour analyser en détail leur état (pièces manquantes, appariements anachroniques réalisés au fil du temps, etc.).
Une étude détaillée reste à faire sur l’histoire de la collection, à partir des archives du département, des cahiers d’inventaire, des témoignages oraux.
Les restaurations visent d’abord à interrompre les dégradations chimiques ou biologiques en cours, plusieurs appareils ayant souffert de conditions de magasinage défavorables. Des traitements appropriés aux matériaux (nettoyage, dépoussiérage, cirage, antirouille…) sont appliqués en interne, sur les conseils de professionnels du Conservatoire national des arts et métiers.
Certains appareils nécessitent, pour pouvoir être présentés, des interventions plus lourdes : réparation des dégradations telles que chocs, déchirures, etc. ; reconstitution des appareils complets conformes à un état d’origine. Ces interventions, confiées à des restaurateurs spécialisés, se font sous le contrôle de la BnF.
La restauration consiste à respecter ce qui reste de l’appareil. Sa remise en marche n’est pas une visée en soi si elle oblige à refaire à neuf ou à remplacer la mécanique existante. On se contentera plutôt de rendre un aspect complet à l’appareil, soit au moyen de pièces empruntées à d’autres exemplaires en moins bon état, soit en faisant fabriquer des pièces neuves.
Sous réserve qu’ils soient ou puissent être remis en état de marche, les appareils de la collection permettent, en théorie, de relire des documents enregistrés avec des technologies obsolètes.
Si l’on peut garantir que l’on sera capable de maintenir la mécanique d’un phonographe dans la durée, ce n’est pas forcément le cas d’autres technologies plus récentes.
Une consultation des documents sonores, vidéo et multimédia sur les appareils de la collection Cros est hors de propos : la mise en marche répétée des appareils va à l’encontre des règles de conservation et les risques que comporte cette opération, et pour le document et pour l’appareil, l’excluent si une autre solution est possible. Cependant, dans quelques cas précis (bandes TEFI ou fil magnétique, par exemple), l’utilisation d’un appareil de la collection Cros en état de marche pourrait s’avérer l’unique solution permettant la lecture à des fins de transfert.
Toute restauration est documentée. Les démontages et remontages de pièces détachées sont réversibles.
Accès sur place et valorisation à distance
L’inventaire sommaire établi en 1997-1998 lors du déménagement des collections site François-Mitterrand a été enrichi au moyen de recherches dans la littérature publiée, du recours à des spécialistes extérieurs et d’investigations dans les sources primaires.
Une sélection d’appareils est aujourd’hui consultable sur Gallica et sur BnF Archives et manuscrits : des requêtes y sont possibles et certaines notices sont liées à un ou plusieurs cliché(s) numérisé(s).
Le studio de l’Institut de musique électroaccoustique de Bourges (MEB) a également été reconstitué dans un des deux magasins.
La « réserve visitable » est accessible à un public restreint (chercheurs, groupes) sur rendez-vous
Tél : 01 53 79 53 01 – 53 06