Les grammaires françaises - Bibliographie

Si les plus anciennes traces du français remontent au IXe siècle, avec les Serments de Strasbourg en 842, les premières grammaires du français sont beaucoup plus tardives : il faut attendre le XVIe siècle pour voir paraître les premières descriptions du français écrits en français (et non en latin).

La Grammatisation du français

Ce processus d’outillage d’analyse linguistique (par la constitution de grammaires, de dictionnaires, de traités d’orthographe, etc.) de la langue est ce que l’on nomme la grammatisation, selon le terme du linguiste Sylvain Auroux. Toutes les langues ne sont donc pas grammatisées, et pour celles qui le sont, comme le français, la grammatisation a pu intervenir tardivement. L’une des conséquences importantes en est d’avoir contribué à fixer la langue autour d’une norme : au Moyen Âge, en l’absence de grammaires et donc de normalisation de la langue, le français connaît une orthographe et une syntaxe beaucoup plus bigarrées qu’aujourd’hui. C’est bien à partir du XVIe siècle, avec les travaux des premiers grammairiens, que le français commence timidement à se réguler derrière une orthographe, une prononciation, une morphologie et une syntaxe définies – même si ce n’est vraiment qu’à la fin du XIXe siècle que le français revêtira la forme normée que nous lui connaissons actuellement.
Les grammaires peuvent être écrites selon deux grandes orientations : certaines seront dites prescriptives (ou normatives), d’autres seront dites descriptives. Les grammaires prescriptives érigent des règles aboutissant à un français considéré comme normé. C’est, généralement, le sillage qu’emprunte la grammaire scolaire. Les grammaires descriptives relèvent d’un raisonnement inverse : il s’agit d’abord d’analyser les productions langagières puis, à partir de ces énoncés, de comprendre le fonctionnement de la langue.
On procède donc par un raisonnement inductif : la question n’est pas tant de savoir si un énoncé est « fautif » ou non par rapport à une norme arbitraire, mais de comprendre les motivations de cet énoncé.

Grammairiens et Grammairiennes

Rédigée à l’occasion de la soirée de lancement de La Grande Grammaire du français, qui aura lieu à la BnF le 9 décembre 2021, la bibliographie qui suit ne prétend pas être exhaustive : du XVIe aux prémices de notre XXIe siècle, ce sont des milliers de grammaires du français qui sont conservées à la BnF.
Nous avons certes retenu les grammairiens de premier ordre qui ont contribué de façon décisive à l’histoire des idées grammaticales, mais nous avons également veillé à ne pas omettre les grammairiennes qui, si elles sont peu nombreuses avant le XXe siècle, ne sont pas non plus complètement absentes de l’histoire de la langue. À côté des grands noms, nous avons aussi mentionné des grammairiens peu connus dont l’œuvre rappelle que la grammaire n’a pas toujours été l’apanage d’une profession savante et qu’au XIXe siècle, un commissaire de police comme Renou ou un entomologiste comme Montet de Laroche pouvaient tout autant écrire une grammaire qu’un Bescherelle ou un Larousse. Enfin, nous avons veillé à présenter à la fois des grammaires prescriptives et descriptives, et avons tenté de rendre compte de la diversité des genres de grammaires, en sélectionnant des grammaires générales, des grammaires scolaires, des grammaires versifiées, des grammaires des dames ou des grammaires historiques.

Pour aller plus loin