Demander à Elisabeth Badinter d’offrir des fragments de sa bibliothèque personnelle conduit forcément vers la philosophie. Dans son choix, elle révèle les textes qui l’ont amené à se diriger vers cette discipline et ceux qu’elle perçoit comme essentiels.
La révélation de la philosophie ou plutôt l’expérience de la philosophie dans la première méditation métaphysique de Descartes est, pour Elisabeth Badinter, un texte fondateur. La première lecture qu’elle en a faite est encore un souvenir prégnant dans son esprit. Ce texte décrit l’abandon par Descartes de toutes les idées accumulées, une sorte de virginité de l’esprit qui l’amènera à découvrir le fameux cogito cartésien.
Dans cette promenade philosophique, un siècle se démarque : le XVIIIe. C’est le siècle des Lumières mais aussi celui de la liberté. Les femmes recevaient dans leurs salons et écrivaient. Les émotions comme le sentiment amoureux ou même la jalousie ont aussi leur place dans l’écriture philosophique. Nous découvrons ainsi un texte de Madame du Châtelet, scientifique réputée, dans lequel elle confesse sa tristesse face à l’éloignement de Voltaire, son amant depuis dix ans. Un autre nous révèle la jalousie de la Marquise du Deffand envers sa cousine, Madame du Châtelet.
La figure de proue de ce paysage philosophique est Diderot. Ses écrits se teintent d’une grande liberté, notamment les lettres à Sophie Volland où la sexualité est vécue comme un aspect naturel de la vie.
Avec ce choix, Elisabeth Badinter montre la frilosité des temps qui ont succédé au XVIIIe siècle. Elle conclut ainsi par une note particulièrement amère sur le statut de l’intellectuel contemporain : un penseur bien médiocre face à ce passé si riche.
Elisabeth Badinter :
Fausse route : Réflexions sur 30 années de féminisme, Elisabeth Badinter, Paris, éditions Odile Jacob, 2003
Madame du Châtelet, Madame d’Épinay : Ou l’Ambition féminine au XVIIIe siècle, Elisabeth Badinter, Paris, éditions Flammarion, 2e
Condorcet : 1743-1794, un intellectuel en politique, Elisabeth et Robert Badinter, Paris, éditions Fayard, 1988. éditions mise à jour, 2006
Ouvrages cités :
L’âge de la conversation, Benedetta Craveri, traduction Eliane Deschamps-Pria, Paris, éditions Gallimard, collection Tel, 2005.
Les méditations métaphysiques, René Descartes, Paris, éditions Flammarion, 1996.
Entretien entre Diderot et d’Alembert, Denis Diderot, Paris, éditions Flammarion, 1993.
Discours sur le bonheur, Emilie du Châtelet, Paris, éditions Rivages, 1997.
Lettres à Sophie Volland, Denis Diderot, sous la direction de Jean Varloot, Paris, éditions Gallimard, collection Poche, 1984
L’étranger, Albert Camus,
Introduction à la psychanalyse, Sigmund Freud
Loués soient nos seigneurs. Une éducation politique, Régis Debray, Paris, éditions Gallimard, collection Blanche, 1996.
Élisabeth Badinter
Femme de lettres, philosophe et féministe
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Demander à Elisabeth Badinter d’offrir des fragments de sa bibliothèque personnelle conduit forcément vers la philosophie. Dans son choix, elle révèle les textes qui l’ont amené à se diriger vers cette discipline et ceux qu’elle perçoit comme essentiels.
La révélation de la philosophie ou plutôt l’expérience de la philosophie dans la première méditation métaphysique de Descartes est, pour Elisabeth Badinter, un texte fondateur. La première lecture qu’elle en a faite est encore un souvenir prégnant dans son esprit. Ce texte décrit l’abandon par Descartes de toutes les idées accumulées, une sorte de virginité de l’esprit qui l’amènera à découvrir le fameux cogito cartésien.
Dans cette promenade philosophique, un siècle se démarque : le XVIIIe. C’est le siècle des Lumières mais aussi celui de la liberté. Les femmes recevaient dans leurs salons et écrivaient. Les émotions comme le sentiment amoureux ou même la jalousie ont aussi leur place dans l’écriture philosophique. Nous découvrons ainsi un texte de Madame du Châtelet, scientifique réputée, dans lequel elle confesse sa tristesse face à l’éloignement de Voltaire, son amant depuis dix ans. Un autre nous révèle la jalousie de la Marquise du Deffand envers sa cousine, Madame du Châtelet.
La figure de proue de ce paysage philosophique est Diderot. Ses écrits se teintent d’une grande liberté, notamment les lettres à Sophie Volland où la sexualité est vécue comme un aspect naturel de la vie.
Avec ce choix, Elisabeth Badinter montre la frilosité des temps qui ont succédé au XVIIIe siècle. Elle conclut ainsi par une note particulièrement amère sur le statut de l’intellectuel contemporain : un penseur bien médiocre face à ce passé si riche.