À l’occasion de la donation faite à la BnF de vingt-cinq carnets de l’artiste, une exposition rend hommage à Geneviève Asse (1923-2021), figure majeure de la peinture et de la gravure française du XXe siècle.
Grâce à la générosité de sa veuve, Silvia Baron Supervielle, vingt-cinq carnets de Geneviève Asse ont rejoint le département des Estampes et de la photographie, où était déjà conservée la quasi-totalité de son œuvre gravé.
Née en 1923 à Vannes, décédée en 2021 à Paris, Geneviève Asse commence à pratiquer la gravure en parallèle à la peinture à partir de 1954. Elle crée, dès les années 1960, des livres en dialogue notamment avec le poète et éditeur Pierre Lecuire, puis avec les écrivains Yves Bonnefoy, Samuel Beckett et Silvia Baron Supervielle. À la jonction de la peinture, du dessin, de la gravure et du travail sur le livre illustré, les carnets de Geneviève Asse constituent une part très intime de sa production.
Les carnets qui font l’objet de la donation ont pour la plupart été réalisés entre le début des années 1980 et la fin des années 2000, à l’exception de l’un d’entre eux, La Ligne bleue, peint en 1971. Geneviève Asse, qui choisit avec soin les dimensions et la forme de ses châssis pour peindre sur la toile, explore aussi les multiples possibilités structurelles du carnet : simples codex reliés pleine toile de la maison Sennelier, leporellos aux couvertures de brocart, cahiers de calligraphie chinoise et toutes sortes de livrets de fabrication traditionnelle. Chacun d’entre eux se révèle être un espace d’explorations techniques, rythmiques et chromatiques, dont les pages créent, les unes à la suite des autres, des partitions uniques. Portant parfois la mention « huiles sur papier », elles sont directement liées à sa recherche picturale et, prises indépendamment, offrent des rapprochements saisissants avec ses toiles. En 2002, à l’occasion de l’exposition de son œuvre imprimé à la BnF (Geneviève Asse. La pointe de l’œil), l’artiste les évoquait ainsi :
Ce sont de petits livres de poche peints, sans texte, sur des papiers de toutes sortes. C’est une autre écriture : un langage de couleur et d’espace. J’y peins des verticales et des horizontales. J’écris alors sans inciser. Ce sont des notes, jour après jour, des éventails qui s’ouvrent. J’utilise de l’encre de Chine, sur ces carnets, ou des crayons de couleur, des sanguines.
Les vingt-cinq carnets donnés à la BnF dévoilent, dans leur extraordinaire diversité, les arcanes de la création de Geneviève Asse. Ils entrent ici en résonance avec une sélection de ses livres et de ses estampes issue des collections de la BnF. Des œuvres qui ont en partage un répertoire, une quête, une préoccupation, celle de peindre l’espace et la vibration de la lumière, celle de dévoiler et faire disparaître tour à tour, sous la matière, des « architectures secrètes ».
Entre les pages ou sur la feuille, on retrouve aussi la domination du bleu, ou plutôt des bleus, si caractéristiques de son œuvre depuis les années 1970, que viennent ici « embraser » d’autres couleurs, plus inattendues : rose saumon, orange ou rouge. Le vocabulaire de l’abstraction, progressivement mis en place dans sa peinture à partir des années 1950 après une décennie consacrée à la peinture de nature morte, n’éloigne jamais Geneviève Asse de la nature, des objets et des formes qui sont identifiables au fil des pages : éventails, feuilles d’arbre et bateaux…
Ces motifs rappellent aussi le lieu privilégié de création de ces œuvres : l’intimité de la maison de l’Île-aux-Moines, acquise en 1988 par l’artiste, à quelques encablures de son berceau familial, dans le golfe du Morbihan.
Commissariat
Pauline Chougnet et Cécile Pocheau-Lesteven, conservatrices au département des Estampes et de la photographie, BnF
Infos pratiques
En raison du plan Vigipirate, seule l’entrée Est du site est accessible.
Horaires
Mardi au samedi :
10 h - 19 h
Dimanche :
13 h - 19 h
Fermé le lundi et les jours fériés.
Accès
Bibliothèque François-Mitterrand – Galerie des donateurs
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13