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Des Archives de la parole à la création sonore contemporaine
Dès les années 1880, des ethnologues et des linguistes mettent à profit le phonographe pour enregistrer des chants, des musiques, des parlers traditionnels. Hubert Pernot, futur directeur du Musée de la Parole en est l’illustration. En 1898 et 1899, il est le premier français à réaliser des enregistrements de terrain à l’étranger, sur l’île grecque de Chios, alors sous domination turque. En 1900, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris, Léon Azoulay collecte plus de 400 cylindres représentatifs des parlers, des chants, des musiques traditionnels du monde entier. Dans le même temps, François Vallée, lui, parcourt la Bretagne pour enregistrer les airs traditionnels du Grand Ouest français.
Ainsi débutent les archives sonores, qui constituent l’un des pôles d’excellence du département Son, vidéo, multimédia.
Les collections sonores de la BnF trouvent leur origine dans les Archives de la Parole fondées en 1911 par Ferdinand Brunot avec l’aide de l’industriel Emile Pathé. L’idée de Ferdinand Brunot est de collecter, grâce au phonographe, toutes les manifestations de la langue parlée. L’accent est mis ici sur la langue et la parole, avec l’enregistrement de voix célèbres comme celles de Guillaume Apollinaire ou d’Alfred Dreyfus.
Le Voyageur de et par Guillaume Apollinaire
Fragment des Mémoires du commandant Alfred Dreyfus
Ferdinand Brunot collecte également sur le terrain des parlers régionaux, comme dans les Ardennes en 1912, ou le Berry et Limousin en 1913. Ces enregistrements sont aujourd’hui accessibles sur Gallica :
- Enquête dans les Ardennes (juin et juillet 1912)
- Archives de la parole – Berry
- Enquête en Limousin (août 1913)
Le Musée de la Parole et du Geste mémoire du folklore musical
En 1928, les Archives de la Parole deviennent le Musée de la Parole et du Geste, avec une orientation tournée vers la collecte du « folklore musical ». Hubert Pernot, directeur de l’institution, effectue trois missions importantes : en Roumanie en 1928, en Tchécoslovaquie en 1929 et en Grèce en 1930.
Différentes chansons de montagne, Slovaquie
En 1931, il enregistre l’Anthologie musicale de l’Exposition coloniale internationale de Paris.
Focus | Musiques venues d’ailleurs – L’Exposition coloniale internationale de Paris de 1931
L’année suivante, le Musée de la Parole et du Geste participe au Congrès de musique arabe du Caire.
Focus | Le Congrès de musique arabe du Caire de 1932
Succédant à Hubert Pernot, Roger Dévigne, entre 1932 et 1953, recentre les collectes du Musée de la Parole sur le territoire français. Les Alpes provençales, les Pyrénées, la Normandie, la Vendée feront ainsi l’objet d’enquêtes phonographiques. En 1938, le Musée aide de nombreuses missions à l’étranger comme Paul-Emile Victor au Groenland, ou encore Paul Sangnier en Guyane.
La même année, la Phonothèque nationale est créée pour collecter le dépôt légal des productions phonographiques diffusées en France : Roger Dévigne cumule la double direction du Musée et de la Phonothèque nationale. Son départ à la retraite, en 1953, signifie la fin des activités du Musée de la Parole. La Phonothèque nationale, si elle ne va plus sur le terrain, s’inscrit néanmoins dans la continuité de ses prédécesseurs, suscitant, commandant, ou recevant des dons d’importantes archives sonores, émanant soit de chercheurs : Jean-Michel Guilcher pour la Bretagne ; Geneviève Massignon pour l’Acadie, l’ouest de la France, la Corse… ; Félix Quilici pour la Corse, soit d’institutions (le CNRS pour l’Atlas linguistique de la France par régions…).
400 fonds d’archives sonores inédites
Le département de l’Audiovisuel porte l’héritage de ces institutions. Il perpétue aujourd’hui la mission de collecte d’enregistrements inédits. Au côté de ses domaines d’excellence « traditionnels » que sont l’ethnomusicologie – les archives de Deben Bhattacharya, de Simha Arom, de Charles Duvelle… – et la linguistique – Enquête sociolinguistique d’Orléans, ESLO ; Atlas linguistique d’Haïti de Dominique Fattier… – ces dernières années ont vu l’élargissement du spectre notamment à la création musicale contemporaine avec les archives de Pierre Henry et de celle de l’Institut International de Musique Electroacoustique de Bourges (IMEB), entre autres.
C’est surtout dans deux domaines que cette politique s’est fortement développée. Tout d’abord l’histoire, les sciences humaines et sociales, avec les cours de Gilles Deleuze donnés à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis entre 1979 et 1984. Les archives orales du laboratoire Institut du Temps Présent (IHTP) ; les récits de vie de policiers du laboratoire CESDIP ; les archives orales de la SEITA ; les archives du Comité d’histoire du Ministère des finances ; les discours de Pierre Delanoë, maire de Paris ; les archives de Pierre Guérin, fondateur de la Bibliothèque du travail (BT sonore), etc., sont autant de corpus indispensables à la compréhension de l’histoire de la France contemporaine.
L’autre grand domaine, en plein accroissement, en étroite liaison avec le développement des Sound studies en France, est celui de notre environnement sonore, notamment urbain. C’est ainsi qu’en collaboration avec RFI, les archives du programme « Écouter le monde » sont déposées au département Son, vidéo, multimédia.
Au total, plus de 400 fonds d’archives sonores inédites sont conservées par le département Son, vidéo, multimédia.
Ces fonds sont accessibles en salle P (Bibliothèque de recherche, site François-Mitterrand).
Les fonds les plus anciens des Archives de la Parole, du Musée de la Parole et du Geste, de la Phonothèque nationale sont décrits dans le catalogue général de la BnF.
La plupart d’entre eux sont consultables en ligne sur Gallica.
Les fonds les plus récents sont décrits dans le catalogue BnF archives et manuscrits (BAM) de la bibliothèque et sont consultables salle P (Bibliothèque de recherche, site François-Mitterrand).