À noter : fermeture anticipée à 15 h de tous les sites de la BnF les mardis 24 et 31 décembre.
Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés les mercredis 25 décembre et 1er janvier.
Littérature /
De quoi Sade est-il le nom ? Vers l’éclipse du Soleil noir ? Le rouleau des 120 Journées dans les collections de la BnF
Grâce à un mécénat exceptionnel d’Emmanuel Boussard, la bibliothèque de l’Arsenal qui conserve les archives de la Bastille, a pu voir entrer dans ses collections le manuscrit autographe des 120 Journées de Sodome, exposé au musée de la BnF à partir de cet automne. Une journée d’étude interroge les différentes facettes de la figure du marquis Sade et revient sur l’histoire rocambolesque de cette œuvre mythique, rédigée pendant sa captivité.
La remise au jour du rouleau des 120 journées, texte emblématique et maudit, revenu brutalement sous les feux de l’actualité forme en quelque sorte une parousie. La présence au sens littéral de cet objet hors du commun nous invite à réinterroger la figure du marquis de Sade. Contre toute attente, au bout de trois siècles, parvenu au terme de moult combats, elle est n’est rien moins que consensuelle.
Achevant une trajectoire hors du commun, l’entrée dans les collections publiques de cet objet désormais historicisé, sanctionne tour à tour un aboutissement, une reconnaissance, mais aussi en quelque sorte le retour du refoulé. Sa présence, sa monstration invite à sortir de l’approche classique, consacrée par la littérature, d’une vision iconologique de Sade héritée des surréalistes et de leurs épigones. Il s’agit de s’élever au-dessus d’une lecture strictement littéraire pour dresser le bilan de la réception de Sade tout au long des trois derniers siècles. La réapparition du manuscrit nous invite à une véritable remise en perspective de l’auteur et de son texte, tant dans son époque que dans la nôtre.
Se recentrer sur le manuscrit c’est aussi se poser les questions restées sans réponses, quant à la production matérielles du texte, son statut au sein de l’œuvre de Sade elle-même. Sade n’est-il pas dépossédé au propre, comme au figuré d’un texte qu’en son temps il n’a pas voulu reproduire, réécrire, ni diffuser ? Quel maléfice a pu transformer ce texte rejeté, perdu, enfoui et enfui, à devenir l’emblème de l’écrivain et de son œuvre ?
Cette question conduit, en préambule à retracer la trajectoire étonnante de ce rouleau mythique au long des trois dernières siècles. Ensuite ce retour nous invite à nous interroger tout d’abord sur le statut, durement gagné, de Donatien Alphonse François de Sade en tant qu’icône de la modernité. C’est décrire et raconter le passage, produit de trois siècles, de l’intolérable à la tolérance. Il s’agit de dresser l’inventaire de l’héritage que nous devons à Sade. Mais sommes-nous véritablement rendus ? Ce texte, avec l’œil d’aujourd’hui, ne se recharge-t-il pas de maléfices ? N’est-il pas, au regard des codes et des valeurs de nos sociétés avancées, en train d’acquérir un nouveau statut ? Ainsi il s’agit d’examiner comment la figure de Sade, à travers cette œuvre, tout en étant sévèrement questionnée n’est pas en train de gagner un nouveau statut par le biais de nouvelles recherches, de nouvelles approches. Ainsi on s’interrogera sur les habits neufs du marquis de Sade en ce début de XXIe siècle.
Michel Delon
Professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’Université Paris IV-Sorbonne
L’intolérable admiration : Nouvelles recherches, nouveaux enjeux, nouvelles limites. Les habits neuf de Donation Alphonse François de Sade – Première partie
L’intolérable admiration : Nouvelles recherches, nouveaux enjeux, nouvelles limites. Les habits neuf de Donation Alphonse François de Sade – Seconde partie
Grâce à un mécénat exceptionnel d’Emmanuel Boussard, la bibliothèque de l’Arsenal qui conserve les archives de la Bastille, a pu voir entrer dans ses collections le manuscrit autographe des 120 Journées de Sodome, exposé au musée de la BnF à partir de cet automne. Une journée d’étude interroge les différentes facettes de la figure du marquis Sade et revient sur l’histoire rocambolesque de cette œuvre mythique, rédigée pendant sa captivité.
La remise au jour du rouleau des 120 journées, texte emblématique et maudit, revenu brutalement sous les feux de l’actualité forme en quelque sorte une parousie. La présence au sens littéral de cet objet hors du commun nous invite à réinterroger la figure du marquis de Sade. Contre toute attente, au bout de trois siècles, parvenu au terme de moult combats, elle est n’est rien moins que consensuelle.
Achevant une trajectoire hors du commun, l’entrée dans les collections publiques de cet objet désormais historicisé, sanctionne tour à tour un aboutissement, une reconnaissance, mais aussi en quelque sorte le retour du refoulé. Sa présence, sa monstration invite à sortir de l’approche classique, consacrée par la littérature, d’une vision iconologique de Sade héritée des surréalistes et de leurs épigones. Il s’agit de s’élever au-dessus d’une lecture strictement littéraire pour dresser le bilan de la réception de Sade tout au long des trois derniers siècles. La réapparition du manuscrit nous invite à une véritable remise en perspective de l’auteur et de son texte, tant dans son époque que dans la nôtre.
Se recentrer sur le manuscrit c’est aussi se poser les questions restées sans réponses, quant à la production matérielles du texte, son statut au sein de l’œuvre de Sade elle-même. Sade n’est-il pas dépossédé au propre, comme au figuré d’un texte qu’en son temps il n’a pas voulu reproduire, réécrire, ni diffuser ? Quel maléfice a pu transformer ce texte rejeté, perdu, enfoui et enfui, à devenir l’emblème de l’écrivain et de son œuvre ?
Cette question conduit, en préambule à retracer la trajectoire étonnante de ce rouleau mythique au long des trois dernières siècles. Ensuite ce retour nous invite à nous interroger tout d’abord sur le statut, durement gagné, de Donatien Alphonse François de Sade en tant qu’icône de la modernité. C’est décrire et raconter le passage, produit de trois siècles, de l’intolérable à la tolérance. Il s’agit de dresser l’inventaire de l’héritage que nous devons à Sade. Mais sommes-nous véritablement rendus ? Ce texte, avec l’œil d’aujourd’hui, ne se recharge-t-il pas de maléfices ? N’est-il pas, au regard des codes et des valeurs de nos sociétés avancées, en train d’acquérir un nouveau statut ? Ainsi il s’agit d’examiner comment la figure de Sade, à travers cette œuvre, tout en étant sévèrement questionnée n’est pas en train de gagner un nouveau statut par le biais de nouvelles recherches, de nouvelles approches. Ainsi on s’interrogera sur les habits neufs du marquis de Sade en ce début de XXIe siècle.