Cette conférence de l’historien Jean-Yves Mollier, en écho à l’exposition de la BnF Ne les laissez pas lire, évoque la figure de l’abbé Bethléem, artisan principal de la censure des ouvrages destinés à la jeunesse, et la grande victoire posthume que représente la loi de 1949.
Les archives de l’abbé Bethléem
La bibliothèque de l’Arsenal conserve les archives de l’abbé Bethléem, en qui l’on peut voir l’artisan principal de la censure des ouvrages destinés à la jeunesse.
Jean-Yves Mollier, historien contemporanéiste, a consacré en 2014 un livre important pour la réception de la littérature (en particulier destinée à la jeunesse) à ce qu’il a appelé « l’impossible mission de l’abbé Bethléem ». Celle-ci a consisté en une mise en regard rigoureuse entre un catholicisme sans concession et le bon usage d’auteurs – y compris ceux dont les qualités littéraires sont appréciées – pour des âges et des degrés de maturité bien définis. Jean-Yves Mollier évoquera donc l’influence de cette figure méconnue et la grande victoire posthume que représente pour lui la loi dont l’exposition « Ne les laissez pas lire ! Polémiques et livres pour enfants » préparée par Marine Planche, commémore les 70 ans.
Au temps de l’abbé Bethléem
En1904, parait Romans à lire et romans à proscrire de l’abbé Bethléem, guide de lecture destiné aux familles catholiques qui distingue les « bons » et les « mauvais » livres. Dans l’entre-deux-guerres, l’abbé se lance dans une véritable croisade contre ces mauvaises lectures, visant en particulier les illustrés pour la jeunesse comme L’Épatant (où l’on peut lire les Pieds Nickelés), ou Fillette, publiés par les frères Offenstadt. Son ouvrage devient vite un succès de librairie, vendu à des centaines de milliers d’exemplaires en France mais aussi en Belgique ou au Québec. Maintes fois réédité pendant l’entre-deux-guerres, il sera le principal inspirateur de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
Les dernières publications de Jean-Yves Mollier
L’historien Jean-Yves Mollier a récemment publié Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle (Fayard, 2008), La Librairie Tallandier. Histoire d’une grande maison d’édition populaire (1870-2000), en collaboration avec Matthieu Letourneux (2011), Histoire de la librairie Larousse (1852-2010), en collaboration avec Bruno Dubot (2012), La mise au pas des écrivains : l’impossible mission de l’abbé Bethléem au XXe siècle (Fayard, 2014), Une autre histoire de l’édition française (Paris, la fabrique, 2015) et dirigé les trois éditions de Où va le livre ? (2000, 2002 et 2007).
Jean-Yves Mollier
Historien, UVSQ
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Cette conférence de l’historien Jean-Yves Mollier, en écho à l’exposition de la BnF Ne les laissez pas lire, évoque la figure de l’abbé Bethléem, artisan principal de la censure des ouvrages destinés à la jeunesse, et la grande victoire posthume que représente la loi de 1949.
La bibliothèque de l’Arsenal conserve les archives de l’abbé Bethléem, en qui l’on peut voir l’artisan principal de la censure des ouvrages destinés à la jeunesse.
Jean-Yves Mollier, historien contemporanéiste, a consacré en 2014 un livre important pour la réception de la littérature (en particulier destinée à la jeunesse) à ce qu’il a appelé « l’impossible mission de l’abbé Bethléem ». Celle-ci a consisté en une mise en regard rigoureuse entre un catholicisme sans concession et le bon usage d’auteurs – y compris ceux dont les qualités littéraires sont appréciées – pour des âges et des degrés de maturité bien définis. Jean-Yves Mollier évoquera donc l’influence de cette figure méconnue et la grande victoire posthume que représente pour lui la loi dont l’exposition « Ne les laissez pas lire ! Polémiques et livres pour enfants » préparée par Marine Planche, commémore les 70 ans.
En1904, parait Romans à lire et romans à proscrire de l’abbé Bethléem, guide de lecture destiné aux familles catholiques qui distingue les « bons » et les « mauvais » livres. Dans l’entre-deux-guerres, l’abbé se lance dans une véritable croisade contre ces mauvaises lectures, visant en particulier les illustrés pour la jeunesse comme L’Épatant (où l’on peut lire les Pieds Nickelés), ou Fillette, publiés par les frères Offenstadt. Son ouvrage devient vite un succès de librairie, vendu à des centaines de milliers d’exemplaires en France mais aussi en Belgique ou au Québec. Maintes fois réédité pendant l’entre-deux-guerres, il sera le principal inspirateur de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
L’historien Jean-Yves Mollier a récemment publié Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle (Fayard, 2008), La Librairie Tallandier. Histoire d’une grande maison d’édition populaire (1870-2000), en collaboration avec Matthieu Letourneux (2011), Histoire de la librairie Larousse (1852-2010), en collaboration avec Bruno Dubot (2012), La mise au pas des écrivains : l’impossible mission de l’abbé Bethléem au XXe siècle (Fayard, 2014), Une autre histoire de l’édition française (Paris, la fabrique, 2015) et dirigé les trois éditions de Où va le livre ? (2000, 2002 et 2007).