Laurence Devillers
Professeure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire Interdisciplinaire des Sciences du Numérique (LISN) du CNRS
Les enjeux éthiques et sociaux de l’intelligence artificielle
Professeure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire Interdisciplinaire des Sciences du Numérique (LISN) du CNRS
Philosophe du droit, chercheuse au Fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS), rattachée au Centre de recherche en information, droit et société (CRIDS), de l’Université de Namur (Belgique)
Sociologue, directeur du Medialab de Sciences Po Paris
La deuxième saison du cycle « Débats au cœur de la science » explore les multiples facettes de l’intelligence à travers six rendez-vous avec des experts issus de différentes disciplines scientifiques. Ce deuxième débat porte sur les enjeux sociaux et éthiques que fait émerger le développement de l’intelligence artificielle.
Les implications sociales de l’IA, nombreuses, sont à l’origine de transformations radicales des notions de travail, de propriété, de gouvernement, de responsabilité, de vie privée et même d’humanité. Elles nous interrogent sur les enjeux éthiques et juridiques qui y sont liées. À force de simuler les émotions et l’empathie, quelle place les machines artificiellement intelligentes et affectives vont-elles avoir dans nos sociétés ? Que souhaitons-nous en faire ? Comment vont-elles nous transformer ? Les robots nous promettent-ils le meilleur ou le pire des mondes ?
Les intervenants de cette table ronde s’attacheront à nous éclairer sur les enjeux éthiques, juridiques et sociaux de l’intelligence artificielle.
Rencontre animée par Caroline Lachowsky, journaliste scientifique à RFI.
Biographies
Laurence Devillers
Laurence Devillers dirige l’équipe de recherche « Dimensions affectives et sociales dans les interactions parlées ». Ses domaines de recherche portent principalement sur l’interaction homme-machine, la détection des émotions, le dialogue oral et la robotique affective et interactive. Elle est membre de la Commission française de réflexion sur l’éthique de la recherche en sciences et technologie du numérique. Ses derniers ouvrages s’intitulent :
Les robots émotionnels : santé, surveillance, sexualité : et l’éthique dans tout ça ? (Ed. de l’Observatoire, 2020) dans lequel elle pose les questions centrales de responsabilité sur l’application de ces robots « émotionnels » au sein de la société et les enjeux qu’ils représentent pour notre dignité humaine. Dans Des robots et des hommes : mythes, fantasmes et réalité (Plon, 2017), la scientifique illustre son propos à l’aide de récits de fiction qui se déroulent dans un avenir proche, montrant l’impact sociétal que ces objets pas comme les autres auront sur nos sociétés.
Antoinette Rouvroy,
Antoinette Rouvroy, docteur en sciences juridiques de l’Institut universitaire européen (Florence, 2006), s’intéresse depuis 2000, aux rapports entre le droit, les modes de construction et du risque, les sciences et technologies, et la gouvernementalité néolibérale. Elle développe une nouvelle ligne de recherche, depuis quelques années, autour de ce qu’elle a appelé la « gouvernementalité algorithmique ». Le type de « savoir » qui la nourrit et qu’il façonne, les modalités suivant lesquelles il affecte effectivement les conduites individuelles et collectives, les modes d’individuation qui peuvent l’infléchir ou lui résister sont explorés d’une manière qui combine trois types d’enjeux étroitement imbriqués: des enjeux sémiotiques et épistémologiques, des enjeux de pouvoir, et des enjeux d’individuation. Elle a publié plusieurs articles de revues dans le domaine : « Des machines et des hommes : quelles convergences ? » Dans L’information psychiatrique 2021/2 (Volume 97), p.116-124, dans lequel elle débat avec Alain Ehrenberg sur La convergence des néotechnologies dont les enjeux appellent à une réflexion éthique, juridique, psychologique de tous, citoyens et décideurs, « Gouvernementalité algorithmique et perspectives d’émancipation : le disparate comme condition d’individuation par la relation ? » avec Thomas Bern, dans Réseaux 2013/1 (n° 177), p.163-196.
La gouvernementalité algorithmique peut être définie comme un mode de gouvernement qui se nourrit de données numériques massives (« Big Data ») et qui, en tant que modélisation du monde social fondée sur ces données, s’assigne comme visée, de profiler des comportements et des conduites prédictibles.
Dominique Cardon
Dominique Cardon est professeur de sociologie et dirige le Medialab de Sciences Po Paris. Laboratoire interdisciplinaire, le Medialab mène des recherches thématiques et méthodologiques qui interrogent les relations entre le numérique et nos sociétés.
Il a publié de nombreux ouvrages dont Culture numérique (Sciences Po les presses, 2019) dans lequel il nous livre la synthèse de vingt années d’observations, d’enseignements et de recherches menées sur les mondes numériques, en retraçant notamment l’histoire socio-technique de l’informatique et d’Internet. Dans À quoi rêvent les algorithmes: nos vies à l’heure des big data (Seuil) publié en 2015, le sociologue montre comment les big data confère une place de plus en plus centrale aux algorithmes qui bouleversent notre société. Or, loin d’être de simples outils techniques, les algorithmes véhiculent un projet politique. Comprendre leur logique, les valeurs et le type de société qu’ils promeuvent, c’est donner aux internautes les moyens de reprendre du pouvoir dans la société des calculs.
En partenariat avec France Médias Monde et RFI