Gaëlle Pontarotti
Professeure de philosophie et chercheuse à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques
L’hérédité fait-elle l’identité ?
Professeure de philosophie et chercheuse à l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques
Le cycle de conférences dédié à la philosophie du quotidien se poursuit avec une troisième édition sur le thème de l’identité. Cette séance s’interroge sur le rôle joué par l’hérédité dans la détermination de notre identité.
Il n’est pas rare de lire que notre hérédité, consignée dans nos gènes, serait le fondement de notre identité, cette dernière renvoyant en première approximation à ce qui nous distingue des autres à un moment donné et à ce qui nous permet de rester identiques à nous-mêmes à travers le temps. En effet, l’ADN est souvent envisagé comme une molécule stable qui détermine de façon rigide nos caractéristiques et nos trajectoires individuelles, comme le dépositaire de ce qui fait notre essence. Pourtant, depuis plusieurs années, des travaux relevant de la biologie et de la philosophie de la biologie battent sérieusement en brèche de telles considérations. Ces travaux interrogent le pouvoir réel des gènes et proposent des approches constructivistes du développement. Ils questionnent par ailleurs l’idée selon laquelle l’hérédité ne résiderait que dans l’ADN, et mettent en évidence divers types de transmissions non-génétiques assurant un lien entre les générations. À la lumière de ces éléments, ils invitent à réformer en profondeur nos représentations, notamment sur la mémoire biologique et sur la distinction entre l’inné et l’acquis. Enfin, ils encouragent à reposer la question de savoir en quoi l’hérédité fait l’identité.