À noter : fermeture anticipée à 15 h de tous les sites de la BnF les mardis 24 et 31 décembre.
Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés les mercredis 25 décembre et 1er janvier.
Depuis plusieurs années, la BnF accueille ces Cours méthodiques et populaires de philosophie qui permettent à toutes et tous de se familiariser avec la philosophie, son histoire, ses auteurs, ses concepts. Ce cycle de conférences dédiées à des questions philosophiques est conçu par François Jullien, titulaire de la Chaire sur l’altérité à la Fondation Maison des sciences de l’homme.
« La belle formule de Claudel «l’œil écoute», à propos de la peinture hollandaise, me fournit un nouveau biais pour dénoncer le privilège accordé par la pensée européenne au visuel. Même la phénoménologie, en pensant revenir à l’expérience originaire, n’y échappe pas.
Pour m’en décaler, dé-coïncider de cet atavisme, je passerai par la pensée chinoise qui a accordé la priorité à l’ouïe plutôt qu’à la vue. Elle nous apprend à écouter, non pas avec l’oreille, mais avec l’esprit ; non pas avec l’esprit, mais avec le «souffle-énergie». L’écoute devient alors la capacité de pouvoir, sur le mode du «vide» et de la respiration, se rapporter au monde.
De là, je considérerai comment la pensée moderne, en Europe, a voulu croiser les fonctions des sens pour les sortir de leur exclusion : l’œil «parle» ( Levinas ); il » palpe» (Merleau-Ponty) ; il «touche» (Deleuze)… Car il faut à tout prix faire sortir la vue de sa seule fonction de connaissance par objectivation.
Or la vue est le sens du local et du discontinu ; l’ouïe du global et du continu : l’œil se projette sur un point du monde pour y chercher à identifier ; l’oreille reçoit, dans son cornet, tout ce qui vient sans fin des vibrations du monde.
Or, ne pourrait-on pas, renversant ces attributions, penser la vue à partir de l’ouïe : la concevoir comme disponibilité à accueillir, et d’abord sans plus séparer le sujet et l’objet : par corrélation et coopération entre le monde et soi?
N’est-ce pas ainsi que nous contemplons un paysage ou la peinture ? »
Depuis plusieurs années, la BnF accueille ces Cours méthodiques et populaires de philosophie qui permettent à toutes et tous de se familiariser avec la philosophie, son histoire, ses auteurs, ses concepts. Ce cycle de conférences dédiées à des questions philosophiques est conçu par François Jullien, titulaire de la Chaire sur l’altérité à la Fondation Maison des sciences de l’homme.
« La belle formule de Claudel «l’œil écoute», à propos de la peinture hollandaise, me fournit un nouveau biais pour dénoncer le privilège accordé par la pensée européenne au visuel. Même la phénoménologie, en pensant revenir à l’expérience originaire, n’y échappe pas.
Pour m’en décaler, dé-coïncider de cet atavisme, je passerai par la pensée chinoise qui a accordé la priorité à l’ouïe plutôt qu’à la vue. Elle nous apprend à écouter, non pas avec l’oreille, mais avec l’esprit ; non pas avec l’esprit, mais avec le «souffle-énergie». L’écoute devient alors la capacité de pouvoir, sur le mode du «vide» et de la respiration, se rapporter au monde.
De là, je considérerai comment la pensée moderne, en Europe, a voulu croiser les fonctions des sens pour les sortir de leur exclusion : l’œil «parle» ( Levinas ); il » palpe» (Merleau-Ponty) ; il «touche» (Deleuze)… Car il faut à tout prix faire sortir la vue de sa seule fonction de connaissance par objectivation.
Or la vue est le sens du local et du discontinu ; l’ouïe du global et du continu : l’œil se projette sur un point du monde pour y chercher à identifier ; l’oreille reçoit, dans son cornet, tout ce qui vient sans fin des vibrations du monde.
Or, ne pourrait-on pas, renversant ces attributions, penser la vue à partir de l’ouïe : la concevoir comme disponibilité à accueillir, et d’abord sans plus séparer le sujet et l’objet : par corrélation et coopération entre le monde et soi?
N’est-ce pas ainsi que nous contemplons un paysage ou la peinture ? »