Les conséquences économiques, sociales et politiques de la crise de 2008 ont généré incertitudes et anxiétés. La succession ininterrompue de crises depuis 1992 incite à se demander si les experts en comprennent ressorts et portée, comme nous y invite le désarroi de la reine d’Angleterre elle-même : « Pourquoi personne n’a remarqué ce qui se passait ? » La recette populiste consiste alors à opposer élites et « gens ordinaires », savoirs abstraits et « bon sens », cependant que la réponse des « experts » revient à accuser des « modèles » inadaptés ou une « désinvolture » des responsables.
Cependant, une voie alternative reviendrait à interroger d’autres manières de voir la « crise » : qu’elle soit physique, morale ou sociale, elle représente le motif classique autour duquel artistes et savants construisent leurs récits. De surcroît, les crises conduisent à une multitude d’analyses sous les formes les plus diverses : pamphlet, roman, chanson, caricature, pièce de théâtre, peinture… La crise y apparaît comme révélateur social et marqueur temporel, susceptible de distinguer « gagnants » et « perdants » et d’articuler inventions du passé et perspectives d’avenir.
C’est précisément l’idée qui a présidé à la conception de ce cycle de conférences : interroger la crise par les œuvres, – fascinées ou inquiètes – qui s’en saisissent, comme un moyen de sortir la crise de la gangue technique qui la rend inaccessible et de lui restituer sa dimension humaine.
Face à la mutation d’une économie du spectacle vivant qui subit de plein fouet les effets de la crise, le théâtre est depuis une quinzaine d’années un observateur de premier plan des transformations de l’activité comme de la doctrine économique. Les nouvelles écritures dramatiques, en assumant la relation homologique entre théâtre et économie, inventent une dramaturgie économique qui renouvelle la tradition théâtrale : elle interroge aussi bien les faits que les théories, afin d’en mettre en évidence contradictions, dénégations et omissions. Un vaste ensemble de pièces concoure à configurer un théâtre de la crise soucieux, non seulement de dénoncer les systèmes d’exploitation, mais encore de rendre visible les marges refoulées de la modélisation économique, tout en interrogeant la construction sociale et culturelle de la valeur marchande au fondement de l’organisation sociale et politique.
Conçu par Patrice Baubeau, Université Paris Ouest Nanterre La Défense et Martial Poirson, Université Paris 8.
Martial Poirson
Université Paris 8
Explorer cette thématique : « La crise à l'œuvre » : anxiétés économiques et sociales du XVIIIe au XXIe siècle
Les conséquences économiques, sociales et politiques de la crise de 2008 ont généré incertitudes et anxiétés. La succession ininterrompue de crises depuis 1992 incite à se demander si les experts en comprennent ressorts et portée, comme nous y invite le désarroi de la reine d’Angleterre elle-même : « Pourquoi personne n’a remarqué ce qui se passait ? » La recette populiste consiste alors à opposer élites et « gens ordinaires », savoirs abstraits et « bon sens », cependant que la réponse des « experts » revient à accuser des « modèles » inadaptés ou une « désinvolture » des responsables.
Cependant, une voie alternative reviendrait à interroger d’autres manières de voir la « crise » : qu’elle soit physique, morale ou sociale, elle représente le motif classique autour duquel artistes et savants construisent leurs récits. De surcroît, les crises conduisent à une multitude d’analyses sous les formes les plus diverses : pamphlet, roman, chanson, caricature, pièce de théâtre, peinture… La crise y apparaît comme révélateur social et marqueur temporel, susceptible de distinguer « gagnants » et « perdants » et d’articuler inventions du passé et perspectives d’avenir.
C’est précisément l’idée qui a présidé à la conception de ce cycle de conférences : interroger la crise par les œuvres, – fascinées ou inquiètes – qui s’en saisissent, comme un moyen de sortir la crise de la gangue technique qui la rend inaccessible et de lui restituer sa dimension humaine.
Face à la mutation d’une économie du spectacle vivant qui subit de plein fouet les effets de la crise, le théâtre est depuis une quinzaine d’années un observateur de premier plan des transformations de l’activité comme de la doctrine économique. Les nouvelles écritures dramatiques, en assumant la relation homologique entre théâtre et économie, inventent une dramaturgie économique qui renouvelle la tradition théâtrale : elle interroge aussi bien les faits que les théories, afin d’en mettre en évidence contradictions, dénégations et omissions. Un vaste ensemble de pièces concoure à configurer un théâtre de la crise soucieux, non seulement de dénoncer les systèmes d’exploitation, mais encore de rendre visible les marges refoulées de la modélisation économique, tout en interrogeant la construction sociale et culturelle de la valeur marchande au fondement de l’organisation sociale et politique.
Conçu par Patrice Baubeau, Université Paris Ouest Nanterre La Défense et Martial Poirson, Université Paris 8.