Les cours de numismatique proposés sur le site Richelieu offrent l’occasion de découvrir l’histoire des monnaies et des médailles à travers une sélection de 20 objets emblématiques présentés au public lors de chaque séance. Cette troisième édition a pour thème le bestiaire métallique.
Bien avant les représentations humaines, ou même de divinités anthropomorphes, les animaux ont constitué l’un des principaux motifs figurés sur les monnaies antiques. Ici le terme « animal » est à entendre dans son acception la plus large, allant de la représentation d’espèces réelles et parfois aisément identifiables, jusqu’aux monstres, des êtres hybrides fantastiques, décrits dans les grands récits mythiques. Ces images peuvent pourtant recouvrir des sens différents : symbole d’une cité ou d’un souverain, attribut d’un dieu, évocation d’une faune particulièrement remarquable, etc. Malgré l’avènement des portraits monétaires, ces représentations animales demeurent fondamentales et se chargent d’une profondeur symbolique parfois complexe à décrypter, particulièrement à l’époque moderne.
Comme pour les précédentes années, ces séances sont donc l’occasion d’abord de présenter à un public large les richesses des collections de la BnF à partir d’une sélection d’objets remarquables qui sont montrés, décrits, et commentés en direct. Le thème du bestiaire est aussi l’occasion d’aborder les modes de représentations et de pensées des Anciens puis des Modernes, tels qu’ils furent retranscrits sur les monnaies et les médailles, objets à large diffusion destinés au creux de la main de leurs usagers.
Les cours publics à la bibliothèque : de 1795 à aujourd’hui
En 1795, le cabinet des Médailles de la Bibliothèque, devenue nationale après avoir été royale, devient le muséum des Antiques. La période est en effet propice à l’étude des sociétés de l’Antiquité qui inspirent idées nouvelles aussi bien que mode vestimentaire. Suivant l’idéal révolutionnaire d’éducation et d’ouverture à tous des collections nationales, le muséum est un lieu de présentation des œuvres au public. Il a aussi une vocation didactique qui se traduit par la création d’un poste de conservateur-professeur : la première chaire d’enseignement de l’archéologie en France est née. Attribuée à Aubin-Louis Millin, elle contribue à la popularité de l’institution et de ses collections. Le public se presse nombreux à ces leçons qui débutent en 1798 et se poursuivent pendant la plus grande partie du XIXe siècle. Elles sont l’occasion de présenter des œuvres au public à travers un enseignement scientifique ambitieux.
Rendre accessibles les connaissances les plus récentes
La réouverture du site Richelieu, avec son musée rénové, renouvelé, agrandi et étendu à l’ensemble des collections, offre l’opportunité de relancer ce projet. Comme à l’époque de la Révolution, le principe est de permettre au public d’approcher les œuvres de plus près. Les enseignements ne requièrent aucune connaissance particulière sur les collections ou leur histoire. Le projet d’Aubin-Louis Millin était d’offrir à son auditoire un accès savant à ces fonds. Aujourd’hui comme hier, ce sont les personnels scientifiques de la BnF qui présentent ces collections et rendent ainsi accessibles à tous les connaissances les plus récentes. Nourris des travaux des chercheurs, des analyses scientifiques ou des dernières restaurations, ces cours sont autant d’occasions de révéler des sujets nouveaux, de redécouvrir une œuvre ou de présenter des acquisitions inédites.
Un rapport plus intime avec les œuvres
Les collections de la BnF embrassent très largement, non seulement l’histoire et les arts développés en France, mais aussi ceux d’autres cultures, de l’Antiquité à nos jours. Bibliothèque-musée depuis plusieurs siècles, la BnF est le lieu d’une diversité qui se manifeste aussi dans la nature des œuvres qui y sont conservées : livres, objets, monnaies, imprimés, estampes, manuscrits, cartes, globes, costumes. Les cours publics épousent ces caractéristiques et sont l’occasion de révéler des pièces qui ne sont pas présentées au musée. Ils permettent d’apprendre à les regarder, à les décrire, à connaître les techniques déployées pour leur création, l’histoire de la civilisation dont elles sont issues, la manière dont elles sont entrées dans les collections. Changer le regard du public par un rapport plus intime aux œuvres, telle est la visée de ces cours que la Bibliothèque souhaite ranimer.
- Numismatique, archéologie ou les deux ? Article paru dans Chroniques n°99, janvier-mars 2024