À l’occasion du centième anniversaire de la mort de Marcel Proust, la BnF propose une exposition conçue comme une véritable traversée d’À la recherche du temps perdu. Conduisant le visiteur à travers les étapes de la composition du roman, elle raconte la fabrique de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature à travers près de 370 documents – manuscrits, tableaux, photographies, objets, costumes –, issus de l’exceptionnel fonds Proust de la Bibliothèque et d’autres collections publiques ou privées.
Comment Marcel Proust a-t-il composé À la recherche du temps perdu ? Comment cette œuvre a-t-elle été imaginée, fabriquée, transmise, y compris après la mort de l’écrivain en 1922, jusqu’à devenir l’une des plus célèbres de la littérature mondiale ? L’exposition, organisée tome par tome, raconte l’histoire d’À la recherche du temps perdu en s’appuyant sur les résultats de la recherche proustienne depuis vingt ans.
L’exposition en détails
Le parcours mène le visiteur à travers les étapes de la composition du roman, jusqu’au cas particulier des derniers volumes dont l’établissement du texte, après la mort de Proust, est dû à son frère Robert et à l’équipe de la Nouvelle Revue française. Elle met en lumière l’histoire éditoriale, du refus de Du côté de chez Swann par les éditions de la NRF, alors que Gaston Gallimard deviendra dès le deuxième tome l’éditeur indissociable du nom de Proust, à la construction de la postérité de l’œuvre, sans oublier la consécration par le prix Goncourt en 1919.
Comprendre la fabrique de l’œuvre, tel est l’objectif de l’exposition, à la lumière de récents événements tels que la publication d’inédits comme l’Agenda 1906 – carnet de notes préparatoires à la première partie de Du côté de chez Swann –, ou des Soixante-quinze feuillets de 1908 – état le plus ancien du roman –, et la numérisation de l’intégralité du fonds Proust, qui ont ouvert de nouvelles perspectives à la recherche.
Le parcours de l’exposition déroule l’ordre des volumes, de Du côté de chez Swann (1913) au Temps retrouvé publié à titre posthume en 1927, en respectant la tomaison originale choisie par Proust et sans masquer l’inachèvement du roman. À chaque volume correspond une salle de l’exposition, avec son choix d’épisodes, certains très attendus – comme la madeleine –, d’autres moins connus du public. C’est ainsi que le visiteur chemine dans l’œuvre, depuis l’invention du célèbre incipit « Longtemps, je me suis couché de bonne heure… », jusqu’à la dernière partie conçue comme un recommencement propre à éclairer la dimension cyclique d’À la recherche du temps perdu.
Au fil de cette déambulation, le public découvrira des pièces présentées pour la première fois, telle la spectaculaire édition dédicacée de Du côté de chez Swann récemment acquise par la BnF grâce au mécénat, ou le manuscrit de grand format des Soixante-quinze feuillets, la plus précoce ébauche de l’œuvre. Un ensemble unique de « planches » d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs permettra d’entrer dans le processus d’élaboration de ce volume. Ces documents, qui avaient servi à l’établissement de la première édition en 1918, se composent de fragments d’épreuves et de manuscrits, corrigés de la main de Proust et collés sur de grandes feuilles. En 1920, Proust choisit de faire publier une édition de luxe d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs, tirée à 51 exemplaires qui contiennent chacun deux de ces planches. Ces documents rares sont des témoins exceptionnels de la fabrique du texte. Une trentaine sont, pour la première fois, réunis à l’occasion de l’exposition, physiquement et virtuellement.
Les spectaculaires manuscrits de Marcel Proust sont au cœur du propos, riches des fameuses « paperoles ». Ces ajouts rédigés sur des papiers collés et repliés dans les cahiers de brouillon, de la plus courte répertoriée à la plus longue – près de deux mètres –, invitent à une plongée dans la fabrique. Des chefs-d’œuvre de la peinture permettent d’incarner les personnages ou les thèmes du récit : outre des œuvres d’Hubert Robert, Turner, Monet, Renoir, Vuillard, le portrait de Proust par Jacques-Émile Blanche, le portrait de Robert de Montesquiou par Boldini, Le Cercle de la rue Royale par James Tissot…
Des objets emblématiques du rapport de Marcel Proust à l’imaginaire, à la mémoire et au temps viennent ponctuer ce parcours : un kinétoscope, une lanterne magique, un kaléidoscope, des robes de Fortuny, de nombreuses photographies, des ouvrages de sa bibliothèque…
Enfin, des extraits audiovisuels, parmi lesquels les entretiens avec Céleste Albaret, la célèbre gouvernante de l’écrivain, ou des extraits musicaux, scanderont certaines étapes du parcours.
Les quelque 370 pièces présentées sont issues en partie des collections de la BnF, notamment de l’exceptionnel fonds du département des Manuscrits. Marcel Proust avait conservé l’ensemble de ses manuscrits. À sa mort en 1922, son frère, Robert Proust, hérita de ce précieux dépôt, que Suzy Mante Proust, la fille de Robert, décida de confier à la Bibliothèque nationale en 1962. Le fonds Marcel Proust de la BnF comprend ainsi la quasi-totalité des manuscrits de l’écrivain, depuis ses papiers scolaires, ses œuvres de jeunesse, ses articles critiques et ses traductions des œuvres de Ruskin, jusqu’aux manuscrits d’À la recherche du temps perdu. Des acquisitions ont permis de compléter ce fonds prestigieux. Pour témoigner de l’écriture du roman, le fonds des manuscrits de la BnF comprend des carnets de notes, des cahiers de brouillons des parties successives du roman, des cahiers contenant la mise au net de Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière, Albertine disparue et Le Temps retrouvé, des volumes de dactylographies en partie corrigés, des volumes de placards et d’épreuves comportant de nombreuses variantes et additions autographes. À cet ensemble manuscrit s’ajoute un certain nombre d’exemplaires imprimés particuliers, eux-mêmes remarquables par l’information qu’ils apportent sur l’élaboration du roman ou sur l’histoire de son processus éditorial. L’exceptionnel fonds Marcel Proust de la BnF est enrichi dans l’exposition de prêts prestigieux d’institutions publiques et de nombreuses collections particulières qui permettent de montrer au public des œuvres qui n’avaient jamais été réunies auparavant. Des pièces du musée d’Orsay, de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, de la Cinémathèque française, du musée Galliera, de la Fondation Bodmer à Genève contribuent à mener le visiteur au cœur de la fabrique de l’œuvre, au fil d’un parcours intime et sensible.
Commissaires
- Antoine Compagnon, de l’Académie française, professeur émérite au Collège de France
- Guillaume Fau, conservateur en chef, chef du service des manuscrits Manuscrits modernes et contemporains au département des Manuscrits.
- Nathalie Mauriac Dyer, directrice de recherche à l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, CNRS-École normale supérieure)
Exposition en partenariat avec Le Figaro littéraire, L’Obs et France Culture
Infos pratiques
En raison du plan Vigipirate, seule l’entrée Est du site est accessible.
Horaires
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi :
10 h - 19 h
Dimanche :
13 h - 19 h
Fermé le lundi, les jours fériés et les samedis 24 et 31 décembre 2022. Fermeture des caisses une heure avant la fermeture de l’exposition.
Accès
Bibliothèque François-Mitterrand – Galerie 2
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13
Tarifs
Réservation
Événements autour de l'exposition
Saint-Saëns, Lekeu, Arriagada : autour de la Sonate de Vinteuil
Visites guidées de l'exposition
Scénographie de l'exposition
Revue de presse
Nul besoin d’être un fin proustien pour apprécier ce parcours. Conçue comme accessible, l’exposition peut être, au contraire, une bonne porte d’entrée dans le roman.
Une exposition qui vous fera ressentir beaucoup d’émotions en découvrant aussi des dessins, dans un coin de pages, et le mot «fin», concluant une épopée littéraire inépuisable.
La nouvelle expo Proust de l’année, Marcel Proust. La fabrique de l’œuvre, qui ouvre le 11 octobre à la BNF renouvelle notre vision de La Recherche en nous entraînant loin dans les coulisses de sa création. Passionnant.
On navigue avec enchantement parmi les innombrables réarrangements et réécritures que l’auteur s’imposait, on se plonge avec délice dans l’intensité de son travail, dans son acharnement à poursuivre l’ambition presque folle du projet que constitue La recherche. Immanquable !