Sylvie Chokron
Neuropsychologue, responsable de l’équipe Vision et cognition à la fondation ophtalmologique Rothschild
Intelligence scolaire ? L’apprentissage au prisme des neurosciences et de la sociologie
Neuropsychologue, responsable de l’équipe Vision et cognition à la fondation ophtalmologique Rothschild
Professeur de psychologie du développement à Université de Genève et directeur de recherche au CNRS
Sociologue, professeure de sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne Franche-Comté
Les neurosciences interviennent de manière croissante dans les débats concernant l’apprentissage scolaire. Cette histoire n’est pas neuve. Depuis les premiers travaux menés au début du XXe siècle par le psychologue et pédagogue Alfred Binet en matière de mesure de l’intelligence, la psychologie expérimentale a cherché à s’appliquer à l’enfance et à l’enseignement.
Les progrès réalisés au cours des trente dernières années dans la compréhension du cerveau et des processus cognitifs ont toutefois donné un nouvel essor à ce domaine de recherche, suscitant autant d’attentes que de débats. Son champ d’application a trouvé deux objets principaux : l’étude des troubles de l’apprentissage et l’amélioration des méthodes et des environnements d’apprentissage. Les recherches menées à travers le monde s’intéressent aussi bien aux contenus didactiques - méthodes d’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou des mathématiques…- qu’aux compétences transversales des élèves (mémoire, attention, émotion…). Au risque, affirment certains, de minorer la force des inégalités sociales d’apprentissage par une approche trop universalisante ou théorique.
Armées d’une meilleure connaissance des principes de l’attention, de la mémoire et du développement de la pensée, les neurosciences cognitives sont-elles aujourd’hui en mesure d’apporter aux enseignants et aux élèves des pistes concrètes d’amélioration de l’enseignement ? Comment se déroule le passage du laboratoire à l’école ? Cette transition croise-t-elle le chemin des sciences sociales ?
Deux neuropsychologues et une sociologue nous indiqueront si leurs disciplines portent un regard convergent sur les apprentissages pendant l’enfance.
Rencontre animée par Caroline Lachowsky, journaliste scientifique à RFI.
Biographies
Sylvie Chokron
Neuropsychologue et directrice de recherche au CNRS, Sylvie Chokron est responsable de l’équipe Perception, action, développement cognitif et plasticité cérébrale au centre de Neurosciences intégratives et de la cognition de l’université de Paris et de l’unité Vision et cognition à la fondation ophtalmologique Rothschild.
Elle consacre ses recherches à l’étude des processus visuels, spatiaux et attentionnels. Son travail a abouti à plusieurs applications cliniques, et notamment une batterie de dépistage des troubles visuo-attentionnels chez les enfants.
Parmi les nombreux ouvrages de vulgarisation des neurosciences qu’elle a publiés, citons Peut-on mesurer l’intelligence ? (Ed. du Pommier, 2014), Comment voient les bébés ? (Ed. du Pommier, 2012), Une journée dans le cerveau d’Anna : notre quotidien décrypté par les neurosciences (Éditions Eyrolles, 2020)
Edouard Gentaz
Neuropsychologue et directeur de recherche au CNRS, Edouard Gentaz est professeur de psychologie du développement à l’université de Genève. Ses travaux portent sur le développement sensori-moteur, cognitif, affectif et social des enfants, les apprentissages et la déficience visuelle.
Il est le rédacteur en chef de la revue ANAE ( Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l’Enfant). Il a publié La vie secrète des enfants (Odile Jacob, 2016), La main, le cerveau et le toucher : approches multisensorielles et nouvelles technologies (Dunod, 2018) et L’enfant prématuré : développement neurocognitif et affectif (Odile Jacob, 2015).
Sandrine Garcia
Sociologue, Sandrine Garcia est professeure de sciences de l’éducation à l’université de Bourgogne Franche-Comté et chercheuse à l’IREDU (Institut de recherche sur l’éducation). Ses travaux portent sur l’analyse des démarches pédagogiques et des inégalités d’apprentissage. Dans l’ouvrage Réapprendre à lire : de la querelle des méthodes à l’action pédagogique , publié avec Anne-Claudine Oller (Seuil, 2015), elle rend compte d’une expérimentation conduite au sein de plusieurs établissements à partir d’un dispositif fondé sur une conception sociologique de l’apprentissage de la lecture, c’est-à-dire d’une méthode qui, en tenant compte des inégalités sociales d’apprentissage, propose une « pédagogie du contre-désavantage culturel ».
Elle a également publié À l’école des dyslexiques : naturaliser ou combattre l’échec scolaire ? (La Découverte, 2013) et Le goût de l’effort : la construction familiale des dispositions scolaires (PUF, 2018).
En partenariat avec France Médias Monde et RFI