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Commémorer la Commune de Paris
Le contexte et le déclenchement
La Commune de Paris est née en réaction à ce que Victor Hugo appelle « l’année terrible » (1870-1871). Cette période est marquée par la défaite militaire contre la Prusse, ainsi que par un grand ressentiment issu du traité de paix et par la terrible famine causée par le siège de Paris en 1870.
Après la défaite contre la Prusse, Adolphe Thiers est nommé chef du « pouvoir exécutif de la République française ». Il signe ensuite le traité préliminaire de Versailles le 26 février 1871 et autorise l’Empire allemand à défiler dans Paris.
L’exaspération parisienne se transforme en insurrection populaire générale quand Thiers décide le 18 mars de désarmer la garde nationale de Paris. Les deux généraux chargés de cette mission sont tués par les insurgés et des barricades sont alors érigées partout dans Paris.
Vous pouvez retrouver le récit de cette journée, presque heure par heure dans Le Figaro du 20 mars
La première journée de la Commune de Paris est également disponible en podcast sur RétroNews.
À partir de là, le gouvernement, réfugié à Versailles avec une partie de la population, et les Communards vont s’affronter.
Cette période insurrectionnelle dure jusqu’à la «Semaine Sanglante», du 21 au 28 mai 1871, pendant laquelle la Commune de Paris est réprimée de façon très violente et les Communards sont exécutés en masse.
Bien qu’elle n’ait duré que 9 semaines, la Commune de Paris est un moment fort de l’histoire du mouvement ouvrier et socialiste français. Retrouvez le dossier complet sur RétroNews : La Commune de Paris en 1871
RetroNews revient sur la Commune de Paris et l’écriture de son souvenir, événement majeur qui a bouleversé la France et l’Europe. Souvenirs des barricades : il y a 150 ans, la Commune de Paris
Documenter la Commune et se documenter
Entre les plaidoyers de membres exilés de la Commune et les accusations de leurs ennemis, il est essentiel de se référer à des documents « bruts » de l’époque, ou à des œuvres d’historiens, qui, le temps de l’apaisement venu, livrent des analyses dépassionnées. La BnF et ses partenaires vous permettent d’y avoir accès.
Les fonds sur La Commune de Paris à la BnF
Le département des manuscrits, département des grandes œuvres littéraires, conserve de nombreux documents de la Commune de Paris. On y retrouve les deux camps en présence, l’œuvre de Gustave Flaubert, de George Sand, ou des Goncourt, scandalisés par l’insurrection, mais aussi celle de Jules Vallès, écrivain « insurgé », révolté et membre actif de la Commune.
Le fonds Jules Vallès, arrivé par achat en 1981 dans les collections de la Bibliothèque nationale, recouvre son activité de romancier (L’Enfant, Le Bachelier, L’Insurgé…), celle quasi-inconnue de dramaturge (La Commune de Paris, inédit jusqu’en 1970), mais aussi des documents des procès autour du « Cri du peuple », le journal communard qu’il fonda et dirigea et dont le titre servira d’étendard et de titre pour le roman de Jean Vautrin, adapté par Tardi en bande-dessinée.
A ces quarante-cinq boîtes d’archives et de manuscrits du fonds Vallès il faut de plus ajouter d’autres ensembles de carnets de notes, acquis indépendamment.
Autre « insurgé », poétique cette fois, Arthur Rimbaud, dont on connaît de mieux en mieux l’importance du cheminement vis-à-vis de la Commune, est présent avec son « Chant de guerre parisien ».
« J’ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle » écrit-il dans la lettre où figure ce « psaume d’actualité » du 15 mai 1871 où « La grand ville a le pavé chaud / Malgré vos douches de pétrole… »
Et effectivement, c’est au verso du feuillet où s’inscrit ce poème que figure, ébranlement significatif de toute la poésie moderne et « heure de littérature nouvelle », le développement de Rimbaud autour de sa formule prophétique : « Car je est un autre ».
Les manuscrits liés à la Commune de Paris sont des témoignages exceptionnels, d’une grande valeur historique et souvent bouleversants. Nous vous invitons à mieux les connaître avec le focus sur «La Commune de Paris dans les collections du Département des Manuscrits»
Lire La Commune de Paris dans les collections du Département des Manuscrits
Le blog «L’Histoire à la BnF» recense par ailleurs les ressources autour de la Commune (1871) dans un billet dédié. Vous y trouvez les ressources sur la Commune dans les collections de la BnF et la manière d’y accéder, les ressources numériques de la BnF et les ressources ailleurs en ligne dont les ressources pédagogiques sur le sujet.
Lire le billet «Ressources autour de la Commune (1871)»
Une nouvelle source de documents, Commun-Patrimoine
L’arrivée des collections de la Plaine Commune, regroupant notamment de nombreux documents de la médiathèque de Saint-Denis, vous donne accès à un fonds sans précédent sur le sujet. La bibliothèque numérique Commun-Patrimoine est désormais accessible dans Gallica à partir du 18 mars 2021.
À l’occasion des 150 ans de la Commune de Paris, les médiathèques de Plaine Commune ont engagé la numérisation systématique de leurs collections sur la Commune de Paris, en partenariat avec Gallica et la Bibliothèque nationale de France, pour donner naissance à une nouvelle bibliothèque numérique patrimoniale, Commun Patrimoine. Cette dernière vient rejoindre le réseau des bibliothèques numériques réalisées lors du programme « Gallica marque blanche ».
Commun Patrimoine, la bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune (Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L’Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine, Stains et Villetaneuse) a été réalisée selon le dispositif de coopération numérique Gallica marque blanche.
Les collections numérisées sont les collections patrimoniales de la médiathèque du Centre-Ville de Saint-Denis, seule médiathèque du réseau à conserver des collections patrimoniales. Ces collections, 110 000 documents datant du XIIIe siècle à nos jours, sont nées des confiscations révolutionnaires des couvents du nord de Paris et ont été constamment enrichies ensuite.
Les fonds sur La Commune de Paris qui sont mis en avant pour cette ouverture, à l’occasion des 150 ans de la Commune ont été rassemblés par Jacques Doriot, alors maire de Saint-Denis, dans les années 30 pour une grande exposition sur le sujet. De nombreux documents encore conservés à titre familial ont alors pu être récoltés et offrent un panorama moins connu, plus intime de cette période. Ainsi peut-on découvrir des bons d’alimentation, des laisser-passer, de nombreuses lettres permettent d’appréhender différemment, au quotidien, cette période particulière.
Parmi les documents les plus emblématiques de ce fonds, on peut citer notamment la copie manuscrite de plusieurs pages de La Commune de Louise Michel ; le manuscrit autographe partiel de L’Insurgé et le dossier préparatoire du Tableau de Paris de Jules Vallès ; une lettre de la mère d’Henri Baüer, fils naturel d’Alexandre Dumas, au Président Mac-Mahon pour demander sa grâce, apostillée par Victor Hugo ; ainsi que 88 dossiers d’interrogatoire d’insurgés de la Commune par le Conseil de guerre, accompagnés de croquis à la plume et au fusain. Des livres imprimés et la presse de l’époque complètent cet ensemble. Et comme pour toute bibliothèque en marque blanche, des documents BnF viennent enrichir la collection.
Les collections patrimoniales de Saint-Denis ont été partagées entre la médiathèque et le musée Paul Eluard dans les années 1980… Grâce à un accord entre les deux institutions, bientôt, d’autres documents (des objets, des tableaux, des dessins et des estampes) sur la Commune conservés au Musée seront consultables sur Commun Patrimoine.
Les documents en ligne sur Gallica
Outre les nouveaux documents accessibles grâce à l’arrivée de Commun-Patrimoine, vous pouvez retrouver les documents numérisés de la BnF sur la Commune de Paris en ligne grâce à une sélection dédiée.
Vous y trouverez notamment le travail du journaliste Adolphe de Balathier Bragelonne qui a réuni 788 pages de textes et d’iconographie, où il a juxtaposé des extraits de la presse « rouge » à des article hostiles à celle-ci, le compte-rendu de Paul Bizet sur le procès Rossel, l’Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars, Le Dossier de la Commune devant les conseils de guerre, l’ Histoire de la guerre civile de 1871: le gouvernement et l’assemblée de Versailles, la Commune de Paris par Louis Fiaux, ou encore Le Journal officiel de Paris pendant la Commune.
Pour retrouver ces documents et bien d’autres,
consultez la sélection Gallica
La Commune de Paris en images
Vous pouvez retrouver la représentation de nombreux événements historiques, sous la forme de photographies, d’estampes, de dessins, de gravures, ou autres affiches. La sélection « l’Histoire par l’image, d’un empire à l’autre » vous propose notamment un choix d’images dédiée à La Commune de Paris
Par ailleurs, vous pouvez retrouver en particulier les affiches contemporaine et postérieure autour de la Commune sur le catalogue de la BnF.
Les Communards
Dès juin 1871 parurent de nombreuses publications hostiles à la Commune. Tandis que se déroulaient les procès qui visaient les principales têtes, ceux de ses membres qui avaient réussi à se réfugier à Londres, Bruxelles, etc., tentèrent de plaider leur cause en publiant leur version des faits. Nous nous concentrons dans cette section sur ceux qui ont fait la Commune, mais vous pouvez également retrouver ici les témoignages anti-communards.
La BnF conserve de nombreux témoignages des communards. Mémoires, discours, souvenirs, études, chroniques et publications ultérieures sont accessibles en ligne sur Gallica.
Lire les témoignages des Communards
Pour aller plus loin, vous pouvez également retrouver le billet du blog Gallica, La Commune de Paris
Mai 1934. Soixante-trois ans après la Commune de Paris, combien d’anciens communards sont encore en vie ? La revue d’inspiration communiste Regards, créée en 1932, en a retrouvé quatre. Dans son numéro du 25 mai, elle publie l’interview de ces trois hommes et de cette femme qui ont vécu les événements de 1871. RetroNews vous la fait lire dans son écho de presse dédié.
Les Figures de la Commune
Un temps exceptionnel pour la Presse
Plus de soixante-dix journaux sont créés pendant les soixante-douze jours de la Commune. Mais la liberté de la presse est restreinte dès le 18 avril et, le 18 mai, le Comité de Salut public interdit les publications favorables au gouvernement Thiers.
Parmi les journaux les plus influents figurent :
- Le Cri du peuple de Jules Vallès,
- Le Mot d’ordre d’Henri Rochefort,
- L’Affranchi de Paschal Grousset,
- Le Père Duchêne d’Eugène Vermersch,
- La Sociale avec la féministe André Léo
- et Le Vengeur de Félix Pyat.
Les Chants des Communards
La période révolutionnaire de la Commune de Paris a inspiré de nombreux chants, composés pendant ou après les événements insurrectionnels. Nous vous proposons de (re)découvrir en chansons cette période de l’histoire de France par une sélection d’enregistrements de la première moitié du XXe siècle.
Face à l’annonce du gouvernement en place d’une capitulation imminente devant l’armée prussienne, des chants révolutionnaires, promouvant la voix du peuple, vont être remis à l’honneur. La Marseillaise connaîtra quant à elle une période de disgrâce : récupérée politiquement par le gouvernement impérial dans ses préparatifs guerriers, de nombreux opposants la banniront dès l’annonce de la guerre franco-prussienne, comme Jules Vallès et Louise Michel.
Parallèlement, bien d’autres chants seront créés, dans un premier temps pour la défense de Paris et de la patrie face aux Prussiens et contre un gouvernement « capitulard ». Puis ces chants souffleront le « véritable esprit de la Commune », celui de la révolte des plus démunis et l’appel à un nouvel ordre social. Les personnalités marquantes et les grands événements de cette période seront au cœur des créations des chansonniers, tels que Jean-Baptiste Clément et Eugène Pottier. Après la chute de la Commune, on continuera à chanter ses héros et ses drames mais aussi les espoirs déçus. Ces chants seront souvent de véritables « instantanés » des événements heureux ou malheureux de la Commune, mais aussi les porteurs d’un espoir partagé par tous les plus défavorisés : celui de l’avènement d’un monde nouveau.
Cette sélection vous propose également une liste d’enregistrements réalisés notamment à l’occasion du centenaire de la Commune et faisant revivre les répertoires de ces airs contestataires, mais aussi des lectures de textes des auteurs de cette période.
Consulter la discographie complèteDécouvrir la genèse de l’Internationale avec RetroNews
Le chant des ouvriers
Face à l’annonce du gouvernement en place d’une capitulation imminente devant l’armée prussienne, des chants révolutionnaires, promouvant la voix du peuple, vont être remis à l’honneur (Le chant du départ, Le chant des ouvriers).
La journée d’étude «Nommer et raconter la Commune»
Dès 1871, nommer la Commune et ses acteurs est complexe. Les communards déplorent l’anonymat des combattants, les « las-de vivre » (J.B. Clément), les « milliers de héros inconnus » (Louise Michel). Les uns comme les autres racontent la Commune selon leur point de vue, en créant des mots spécifiques (« communeux », « pétroleuse »…), en figeant par la photographie les lieux dévastés, en réinventant parfois les faits, en distordant souvent mémoire et histoire. L’événement constitue un tabou socio-politique durable. Comment s’en emparer, le nommer, le raconter, lorsque l’on est témoin, historien/ne, artiste, curieux/se, d’hier à aujourd’hui ? Le colloque «Nommer et raconter la Commune» s’attache à résoudre cette question le 10 juin prochain.
Pour aller plus loin
Le troisième épisode de Séries Noires à la Une sur les crimes de la Commune
- Sarah Al-Matary, professeur de littérature des XIXe et XXe siècle à l’Université Lyon 2, spécialisée dans les écrits anti-intellectualistes, de la presse aux œuvres de femmes et d’ouvriers, elle est co-rédactrice en chef de la Vie des idées
- Quentin Deluermoz, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris, spécialisé en histoire sociale et culturelle du XIXe siècle, éditeur scientifique des Chroniques du Paris apache parues en 2008 au Mercure de France
Sortie le 18 mars, jour de la date du début de la Commune.
Disponible sur les plateformes d’écoute podcast.