Grégory Delaplace
Anthropologue, maître de conférence à l’université Paris Nanterre
Conception et coordination : Roland Schaer, philosophe, auteur de Les origines de la culture et Répondre du vivant (ed. Le pommier)
Anthropologue, maître de conférence à l’université Paris Nanterre
Pourquoi, aujourd’hui, se demander ce que c’est qu’habiter ? Du grec oikos, la maison, le milieu, l’habitat, viennent l’économie et l’écologie, nos deux sciences, nos deux techniques, de l’habiter. Écologie : peut-être avons-nous rendu la terre inhabitable à force de vouloir l’habiter ? Peut-être avons-nous détruit, ou fragilisé, cet « oikos », cette demeure propice à la vie, à force de vouloir en faire « notre » demeure ? Économie : dans le contexte de « mondialisation », on sent monter une protestation, parfois une révolte, contre tout ce qui, dans un monde devenu un marché, détruit des habitats humains, fabrique des déserts modernes, et provoque de grandes migrations. Une protestation qui est sans doute un désir d’habiter. Faut-il pour autant se résigner à ce qu’habiter, ce soit s’enfermer derrière des frontières, derrière des murailles, « entre nous » ? Et quand on dit « nous », de qui parle-t-on ? Que voudrait dire que nous avons à rendre le monde habitable ?
Cette conférence tente de cerner ce qui pourrait fonder la spécificité d’un mode d’habiter « nomade » en prenant appui sur le cas mongol contemporain, à l’heure où urbanisation, désertification et exploitation des ressources minières semblent précisément en menacer la perpétuation.